Asie du Sud-Est


Petit Rappel :

16/10 - Katmandou 🇳🇵- Aujourd'hui, c'est le grand jour : mon départ vers la Thaïlande et Bangkok. Le décollage est fixé à 14h55...enfin ce qu'il était prévu jusque-là. Je fais mes adieux à tous le monde, et surtout à Harikrishna et Bastien, qui m'ont hébergés cette dernière semaine à Katmandou. Je me mets donc en route vers l'aéroport, après avoir parcouru en vain toute la ville pour échanger mes roupies népalaises en bahts thaïlandais. Arrivés à l'aéroport, il me faudra encore un petit temps pour emballer correctement mon vélo et ce sera à 14h que je me présenterais enfin au check-in des bagages. ''You just miss your flight''. Des mots qui résonneront encore longtemps dans ma tête. J'ai eu beau tout essayer, le système est fermé et les guichetiers ne savent rien y faire. Impossible de contacter l'agence pour m'arranger un 'nouveau vol', on est en plein Dashain (festival d'une quinzaine de jours) et puis il y a toujours cette incertitude quant au niveau des réserves de kérosène, car l'Inde fait toujours blocus sur l'approvisionnement du pays..bref situation compliquée et mon visa expire ce soir même. Heureusement, je trouve un vol avec la Malaysian Airlines qui fait pour l'occasion escale à Dhaka (recharge en fuel). Chouette! Changement de plan, me voilà parti vers Kuala Lumpur, pour 200€ perdus, mais avec un pays en plus : la Malaisie, et pourquoi pas Singapour... 

Promotion du Népal chez Hari

17/10 - Sepang - Kuala Lumpur (75km) 🇲🇾 - L'avion de la Malaysia Airlines atterrira bien ce matin à 7h45 heure locale, à l'aéroport de Sepang. Je me mets en route pour Kuala Lumpur, la capitale, en faisant un petit détour par le circuit Formule1 de Sepang. Les Malais sont très amateurs de sports moteurs, et ça se voit, les routes sont nickels et les Protons filent à plein pot. Je tente de visiter Kuala Lumpur, enfin surtout le centre et son CBD (Central Business District) avec comme clou du spectacle, les tours Petronas et leurs fontaines jouant avec les lumières. Je découverte en soirée le Step Inn, un hôtel-dortoir dans le centre vivant de la ville qu'est Bunkit Bintang. La nuit est à 25 Ringgit, soit environ 6€, et le petit déjeuner compris. Un lieu de rencontre idéal pour la foule de backpackers qui y passent...Le pied !

         Rafraîchissement à la coco, bienvenu avant de rallier Kuala Lumpur
                               Avec Nathan, devant le Step Inn

18/10 - Kuala Lumpur 🇲🇾 - Visite à vélo de la ville. Même si c'est une capitale, je sens que le vélo a bien plus sa place sur la route qu'en Inde ou au Népal. Le vélo est respecté comme les autres moyens de déplacement, et ne semble plus n'être que celui du "pauvre". Je poursuis la promenade dans le centre et sur la Place Merdeka entourée de ses majestueux bâtiments de style moghol. Je visite ensuite l'impressionante Mosquée nationale situé à proximité du Jardin botanique. Décidément, cette ville et ce pays me plaisent : des infrastructures au top, bien mieux tenues que ce qu'il pouvait y avoir en Inde ou au Népal, de la verdure en ville, des gens sympathiques, des fruits inconnus et une nourriture excellente, variée et bon marché... Que demander de plus ? Même ce défi de manger un durian entier n'arrive pas à briser l'idylle. L'odeur a quelque chose de vraiment particulier, et peut être repoussant à la première approche, mais finalement, le goût de ce "fruit roi" est simplement magique ! Je comprend que les asiatiques et en particulier les chinois l'adorent.. À tester !

        La gare style Raj de Kuala Lumpur
        Bukit Bintang à proximité de Chinatown, Kuala Lumpur

19/10 - Kuala Lumpur - Morib (70km) 🇲🇾 - Bye bye le Step Inn hostel et mes amis français, Nathan et Greg (qui kiffent à fond mon projet vélo). Ces toutes bonnes soirées vont me manquer. Je reprends donc la petite promenade vers la côte ouest de l'état de Selangor. Dodo dans une petite cahute le long de la mer près de Morin. Le sommeil est difficile à trouver cependant. Les insectes attaquent de partout, puis c'est une cérémonie chamane/vaudou sur la plage qui me réveille, à moins de 30 m de ma cahute. Il est 3h30 du matin...Je me demande vraiment ce qu'ils viennent faire ici. Des bougies, des offrandes de nourritures et ces chants mystiques qui brisent le silence de la nuit... Mystère !

       Comme une impression de déjà goûté. Indian Style is in the place

20/10 - Morib - Kuala Sungai (103km) 🇲🇾 - Je déjeuner sous les cocotiers à quelques pas de la mer, en compagnie de singes, de chiens et surtout des corneilles. Un Hindou/animiste, que je me souviens avoir aperçu pendant la nuit, m'invite à prendre le thé chez lui juste avant que je ne démarre. Peut-être a t'il eut pitié de ma nuit assez inconfortable. L'accueil est vraiment chaleureux, j'ai même droit à des petits sablés.  En reprenant la route, j'observe de nombreux oiseaux le long de la route : des Martins-pêcheurs, un Martins-chasseurs de Smyrne, un épervier à gorge grise probablement, un Guêpiers de Perse, des grues, etc. Plusieurs serpents et lézards écrasés parsèment également cette route, bordée de plantations de bananiers, de palmiers à huile, de cocotiers et de cactus à pitayas, le fameux fruit du dragon. Je dîne ensuite à Port Dickson après une courte baignade dans la mer. Un excellent nasi goreng (riz frits à l'huile) me revigorera accompagné de chou sauce coco, de frites de pois chiche, de cake aux lentilles sucrées et de beignets. Ce soir, je terminerai ma route à Kuala Sungai où Tete et son pote Roslan m'invitent à souper avec une mee sup, avant de me proposer un abri pour dormir. Ce sera juste devant l'entrée de la 'maison communale'. Sympathiques ces Malais!

         
                 Avec colonel Roslan, et mon abri devant la porte de la maison communale

21/10 - Kuala Sungai - Malacca (53km) 🇲🇾 - Réveil par Roslan vers 6h30, content qu'il ne me soit rien arrivé pendant la nuit. Déjeuner trouvé à une petite étale sur le bord de route. Seulement 2 ringgits 30 sen (0,6€) pour un paquet nouilles de riz 'cheveux d'ange', paquet de riz sauce rendang, boule verte fourrée au sucré de canne et encore un beignet. Rencontre de ''Oncle Ten'' vers midi un peu avant Malacca, un pêcheur au grand coeur, mais désoeuvré par le manque de poissons dans ses filets. Rafraîchissement avec jus de coco de mer (kelapa laut) glacé. Il fait 35°C aujourd'hui, mais avec une température ressentie de 45°C due à l'humidité. Ce sera également l'occasion de goûter au fameux cendol dont tous les Malais raffolent. Un dessert glacé à base de lait de coco, d'une pâte de riz translucide (jelly), de haricots rouges sucrés, de glace pilée, le tout recouvert d'un sirop de sucre de canne. Merci Faiez pour cette découverte, à peine arrivé à Malacca. On visitera ensemble la forteresse A'Famosa de la ville, la Porte de Santiago, avant de faire un tour dans Jonker Street, le long de la rivière Malacca. Errance ensuite dans la rue des temples pour me trouver un petit coin où dormir. Par chance, je tombe sur un certain Damien Topin qui me propose un tout bon plan : Ringo's guest house, qui accueille gratos les cyclistes et offre même le p'tit déj. Soirée enjouée avec ses incroyables potes voyageurs au Layang Layang guest house. Échange d'info et bons plans en tout genre.

         Canal vu de Jonker street, Malacca
                                    Visite de Malacca avec Faiez de Samborna (Bornéo), Jonker street

22/10 - Malacca 🇲🇾 - Réveil au Ringo's. Mauvaise matinée, les photos sur mon nouveau smartphone sont ''corrompues'' et plus moyen d'en enregistrer d'autres... Rhaa, si j'avais su suffisamment tôt (je m'en rendrai compte la semaine d’après) : une mini-carte SD SanDisk16gb achetée à 4€ à un vendeur de rue de Kuala Lumpur... Ça ne pouvait qu'être une contrefaite chinoise. Du coup, une bonne moitié des photos de Malaisie puis Singapour sont temporairement perdues. Poursuite de la visite de la ville : vieux quartier portugais et néerlandais. Souper indien avec Damien et Chan et discussion sur le webdesign, le bitcoin et Elon Musk tout en dégustant un jus d'orge (barley) bizarrement non fermenté.


        Porte de Santiago défendant la forteresse A'Famosa

        Stadthuys et bâtiment du Musée Maritime à droite, Malacca

23/10 - Malacca 🇲🇾 - Toujours pas décidé à poursuivre vers le sud et Singapour, je profite de l'hôtel pour préparer la suite des visites : lectures sur Malacca, Singapour. Retour dans le quartier de la forteresse où je me fais interviewer sur le jour de l'indépendance de la Malaisie par un groupe de jeunes étudiantes en com'. Pas évident. Visite du musée maritime en après-midi. Ici est retracé le passé stratégique de la ville dans le commerce maritime. Prise par les Portugais une première fois en 1511, la ville sera ensuite un des principaux ports d'attache de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales de 1641 jusque 1824 avant de passer 120 ans sous le contrôle britannique, puis japonais lors de la Seconde Guerre mondiale. Retour à l'hôtel pour emmener Damien au marché de Jonker Street. Dégustation du jus de pitaya, le fruit du dragon. Et une grande rareté dans ce périlleux périple : soirée cinéma à l'hôtel. Ce sera le film extraordinaire ''Samsara'' au programme.

        Après une petite interview d'étudiantes malaises, au pied d'A Famosa

24/10 - Malacca - Parit Jawa 🇲🇾 - Au revoir au squat des Ringo's, à Chan et Damien. On quitte Malacca pour Singapour. Récolte de mangues, puis de bananes sur le bord de route, et tentative de découpe du fruit du jacquier, malheureusement pas suffisamment mûr. Tout pousse à profusion ici. Dîner avec l'habituel nasi goreng, le roti canai, du poisson et des légumes au lait de coco. Toujours autant un délice! Pluies de mousson toute l'après-midi. Par chance, un restaurateur m'appelle en soirée et me prépare un excellent kwa teow aux crevettes, des nouilles de riz plates d'influence chinoise. Il me trouvera également une mosquée pour me sécher et y passer la nuit. Les musulmans sont définitivement les plus accueillants ici aussi.

        Récolte de mangues le long de la route
                                     Nasi goreng, roti canai, du poisson et des légumes au lait de coco

25/10 - Parit Jawa - Pontian 🇲🇾 - Fuite en matinée, la troisième seulement depuis le début du voyage. Les pneus achetés à Plovdiv en avril dernier commencent à sentir l'usure. Et le pédalier commence aussi à grincer. On verra jusqu'où ça tient! Déjeuner apam balik et putu bambu dans une étale de quartier. On n'arrête pas les découvertes culinaires. Pudding salé également, aux noix de cajou et autres, offert par la mosquée de Batu Pahat fera mon dîner quelques heures avant qu'un bon rojak typique me soit offert par un client de la gargote trouvée pour souper. La générosité malaisienne n'est plus à faire. C'est un fait! Je les quitte à contrecoeur pour me rapprocher de Pontian. Mosquée trouvée, je pose mon matelas à l'abri et tente de m'endormir. C'est alors qu'un ''SDF'' approche, baragouinant très mal l'anglais si ce n'est pour me dire "Sleep sleep". Il s'installe, grille une cigarette dans la pénombre. Drôle d'énergumène, ses façons me semblent trop protectrices pour être honnêtes. Je quitte la mosquée pour un banc dans un temple chinois. Il est passé 1h du mat'..ça fera l'affaire.

        Mosquée de Parit Jawa 
        Apam balik de Parit Jawa, région de Johor 

26/10 - Pontian 🇲🇾 - Sembawang (Singapour) 🇸🇬 - Longue route vers Singapour, des kilomètres de palmiers à huile. Crochet jusque Kukup et son petit village de pêcheurs. Un peu avant Johor Bahru, je tente ma chance par le premier pont qui relie Singapour au continent. Malheureusement, la police zélée de Singapour m'oblige à faire 30km de détour pour prendre le seul pont autorisé aux vélos. Cela s'avérera un vrai casse-tête. Singapour n'est indiqué nulle part, et des jonctions de routes express sans fin me font perdre le nord. Bon, il faut suivre Woodland en réalité, Singapour n'est que la ville à l'autre bout de l'île...Peu après le passage frontière, une grosse fuite le long d'une route express vient égailler la soirée. Il est déjà 21h, c'est un peu l'enfer aujourd'hui. Ce sera nuit le long de la mer sur conseils avisés des locaux du quartier Yishun : Sembawang beach. Pas si mal finalement avec les douches publiques, merci pour le tuyau.

         Au bord du Lower Pierce reservoir, Singapour 

27/10 - Sembawang - Marina Bay 🇸🇬 - Direction sud de l'île. Passage dans le zoo/night safari qui s'est construit toute une infrastructure routière en cul-de-sac pour lui tout seul. Souvenir de la veille où je m'y étais quelque peu perdu. Tout est en construction à Singapour, c'est assez affolant. Tissus, Ang mo kio, Bishan,...tous des nouveaux quartiers à la Corbusier : ultramoderne, vertigineux, et une densité de population un poil étouffante. Arrivés à Little India où je réussis à retirer mes dollars singapouriens. Ouf, je peux survivre encore quelques jours. Le coût de la vie ici est pratiquement triplé, voire plus, par rapport à la Malaisie rurale. Visite du centre historique (Marina bay), du Musée des civilisations asiatiques, du CBD et ses gratte-ciels donnant le torticolis pour finir au Garden by the Bay. Un jardin animé par d'immenses arbres lumineux, des jeux de reconnaissance d'espèces, etc. On se croirait à Futuroscope. Rencontre de William, un cycliste arboriculteur de la forêt de Sherwood, qui lui aussi, est un peu perdu dans cette forêt des temps modernes. Il a lui aussi un parcours assez phénoménal : Istanbul-Hanoi à vélo, et sans avion! Très chouette rencontre suivie de celle de Terrence Tan, un aménagiste du territoire qui s'occupe de la connectivité écologique des différents parcs de Singapour. Décidément, la soirée est riche au resto Satay by the bay. Douche chez un riche ami de Terrence (Ferrari, etc.) avant de retourner le long de la East Coast Beach planter mon matelas sur un banc. Mais là, c'est une autre douche qui m'attend, presque un typhon venu du large. Je me trouve un abri, mais à pluie est littéralement horizontale. Rien n'y fait. Il est 4h du mat', trop fatigué et sans véritable solution, je me laisse, recroquevillé, m'endormir sous la pluie hurlante.

        City Area et Garden by the Bay, Singapour

28/10 - Marina bay - Parc Windsor 🇸🇬 - Retour vers Garden by the Bay pour terminer la visite. Un héron joué à cache-cache avec moi. Petit tour de shopping pour se faire des tartines au kaya, une sorte de confit à la noix de coco, épaissi aux oeufs et très sucré. Promenade au Heritage Clarke quay où un couple de Chinois du Fujian, intrigués par mon vélo, m'invitent au Song Fa, un restaurant hokkien très réputé, mais où il faut savoir attendre sa place. L'occasion pour moi de goûter le porc façon chinoise : queue, estomac, côte,...dans un excellent bouillon au poivre. Très bonne ambiance, merci Estelle et Card. Petit tour ensuite à Chinatown (tant qu'on y est) et achat d'une nouvelle mini carte sd. Cette fois-ci, plus de prise de tête avec les photos. Elle n'est pas contrefaite. Direction vers Sentosa par la suite. Déçu, un vrai casse-tête pour y accéder à vélo, et finalement, c'est un peu Disney. Tant pis, on remonte vers le nord vers le Lower Pierce reservoir. Refoulé par la sécurité du parc, je devrais me trouver un autre endroit pour dormir ce soir. À nouveau, un petit banc abrité fera l'affaire. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais l'hospitalité pour la nuitée n'est pas dans la mentalité à Singapour. Ils proposent plutôt de quoi payer une chambre à l'hôtel. Dommage...

        Skyline de Singapour sur la Marina Bay
          Maisons coloniales du vieux quartier

              Vieux quartier du sud, Singapour - St Andrew's Cathedral - Song Fa, un restaurant Hokkien populaire au cœur de Singapour

        Mosquée Masjid Sultan

29/10 - Parc Windsor 🇸🇬 - Johor Bahru 🇲🇾 - Déjeuner sur les bords du paisible Sejang Reservoir. Route ensuite vers Johor avec un passage frontière Singapour-Malaisie sans problème cette fois. Décidé à prendre le train jusque Kuala Lumpur, je n'en aurai que pour 28RM (6,5€) pour 6h de trajet avec le vélo. Petit tour dans Johor et son quartier indien, en préparation pour le Deepavali. Un festival que les Indiens attendent impatiemment toute l'année. Dégustation du bandung sirap (jus à la rose) à midi en attendant le départ du train. Départ à 17h pour Kuala Lumpur.

      Administration Sultan Ibrahim, Johor Bahru

        Préparatif du Deepavali, dans le quartier indien

30/10 - Johor Bahru - Kuala Lumpur 🇲🇾 - Arrivée à la gare de Kuala Lumpur aux petites heures. La nuit sera courte dans la gare et légèrement mouvementée. Visite du centre de la capitale avec une exposition sur les animaux venimeux tropicaux avant de retourner sur la place de l'indépendance (Merdeka square) visiter le musée du textile, un art qui fait la fierté des Malais. Retour ensuite au Step Inn hostel pour un peu de repos mérité.

        Train Johor Bahru - Kuala Lumpur 
         Poisson-Pierre, l'un des plus venimeux au monde

31/10 - Kuala Lumpur 🇲🇾 - Journée passée au Step Inn hostel à remettre à jour le blog. Soirée passée dans le centre avec deux jeunes Allemands (18 ans) qui se font un an de bourlingue avant d'attaquer l'université. Visite des tours Petronas sous une pluie d'enfer. Un véritable spectacle.

                                    Les tours Petronas, sommet à 452m 

01/11 - Kuala Lumpur - Tanjung Karang 🇲🇾 - C'est reparti avec pour objectif de relier la Thaïlande en moins d'une semaine. Dîner typique malais avec chips aux crevettes frites, différents beignets de poisson et riz, soit nipis, lekor/losong, et nasi pour seulement 3RM (4RM=1€). Visite d'un temple hindou sculpté à un niveau de détails sans précédent, le Sri Shakti Dhevasthanam. Difficile d'imaginer quelles patience et passion les sculpteurs ont dû faire preuve pour obtenir ce résultat exceptionnel. Poursuite de la route jusque Tanjung Karang et souper nasi ayam (le traditionnel riz au lait de coco) avant d'aller quérir l'hospitalité de la mosquée. Oui, si ce n'est pas encore précisé, la Malaisie est musulmane et la grande majorité de la population pratique la prière 5 fois par jour dont au moins une fois à la mosquée vers 19h30. Un lieu de rencontre idéal du coup. 

        Temple hindou, Sri Shakti Dhevasthanam
       A la mosquée de Tanjung Karang, région de Selangor

2/11 - Tanjung Karang - Lumut 🇲🇾 - Déjeuner avec Sabri Abdullah, rencontré la veille autour d'un thé tari, qui m'invite au roti canai (pain plat et sauce curry) et mee sup (soupe de nouilles). Même à ce niveau-là, on sent toute l'influence que l'Inde et la Chine ont pu avoir sur l'histoire de ce pays. Sabri me fera même cadeau d'un énorme paquet de chips de tapioca...qui ne tiendra même pas la journée finalement! Lumut sera mon port d'attache pour aujourd'hui. Tristement refoulé par la Navy qui dispose son armada sur une bonne partie du littoral, je ne me réfugierai que dans un conteneur de la Marina bétonnée de Pangkor..dégoûté par ces infrastructures dégueulasses qui ne font que du cash-tourisme et détruisent le cadre exceptionnel existant encore il n'y a pas 10 ans. Pas d'humeur à nouer des liens ce soir.

        Déjeuner avec Sabri (gauche) et ses potes instit'
        Construction dans la Marina de Pangkor

3/11 - Lumut - Taiping 🇲🇾 - Réveil brusque par un garde en colère qui me fait savoir que je suis dans une propriété privée. Drôle, en voyant que je deviens la vedette là où il prend son déjeuner tous les matins, il viendra s'excuser profondément. Pas de soucis mon gars, c'était ton boulot. Le déjeuner sera excellent par ailleurs, kiaw teow, thé tari et roti canai à l'oeil. Les Malais sont vachement sympa, il n'y a rien à dire. Midi à Pantai Remit où Ada, une jeune fille de 16 ans, et sa famille me mènent vers la poissonnerie, là où les bateaux de pêche viennent décharger et vendre leur magot. Serpents et grosse pluie agrémenteront la suite de la route un peu avant Taiping. C'est la période de mousson et les averses vers 16-17h seront quasi inévitables pour toute cette semaine. Enfin arrivé à Taiping, il sera un peu tard pour obtenir une petite place à la mosquée. Ce ne sera pas moins que le maire de la ville qui m'offrira spontanément l'hébergement. Petit tour au marché nocturne de la ville et découverte du murtabak, une spécialité indienne faite d'une pâte feuilletée et d'une sorte de pâte d’œufs, d'oignons, de poulets et de poivre. À tester!

        Ada et la poissonnerie de Pantai Remit, région du Perak
        Le murtabak, spécialité indienne

4/11 - Taiping - Georgetown 🇲🇾 - Déjeuner après adieu avec le mayor au grand coeur, qui m'offre un T-shirt souvenir ''Bike for Malaysia''. La nature est belle dans le Perak. Le paysage est essentiellement de rizières, et les nombreux martins-pêcheurs y trouvent de quoi s'amuser. Dîner à Parit Buntar auprès d'un marchand de pâtisseries. Cake au riz, beignets cocos, banane, sucre de canne feront l'affaire pour avoir de l'énergie jusque Georgetown. Quelques heures plus tard, l'accès à l'île de Penang où se trouve Georgetown n'est pas si facile. Malgré les deux ponts existants, je serai forcé comme les piétons de prendre le ferry. Quelques détours plus tard et une traversée de 10 minutes pour 1.4RM, me voilà enfin sur cette île au lourd passé colonial. À peine le temps de profiter de l'ambiance dans le quartier chinois de Georgetown, il me faut trouver de quoi dormir. Après une bonne heure de recherche le long de ses côtés à nouveau toutes privatisées, Penang ne saura m'offrir qu'un petit bout de plage assez pollué à quelques mètres de la voirie. Le rêve de dormir sur une plage déserte comme les gens avaient pu me faire imaginer s'estompa d'un coup. Dur dur.

        Héron bihoreau (Nycticorax nycticorax), très fréquent dans la région

5/11 - Georgetown 🇲🇾 - Petite baignade dans la mer, vite interrompue par la caresse délicate d'une méduse. Les chercheurs de crevettes m'avaient pourtant conseillé cette zone moins fréquentée par ces cnidaires peu sympathiques. Visite du riche centre historique ensuite. Nombreuses églises protestantes et anglicanes, ainsi que de belles villas de l'époque victorienne. On se croirait revenu en Europe du 18-19e siècle. Suite dans le quartier chinois et visite imprévue d'une fabrique familiale de nouilles (253, Jalan CY Choy pour les intéressés). Je repartirai avec de quoi manger pour la journée (2.5RM/kg de pâtes précuites). L'après-midi pluvieux se passera au musée de Penang qui retrace l'histoire de la ville, ses nombreuses influences étrangères : chinoises, indienne, musulmanes et finalement européennes. Des échanges avec l'étranger dus à sa position stratégique sur les routes marchandes entre l'occident et le monde de l'extrême orient.

         Réveil sur Miami beach, Penang
                                 Fabrique de nouilles au quartier chinois de Georgetown
        Musée de Penang, ancienne colonie anglaise

6/11 - Georgetown - Gurun 🇲🇾 - Après une petite nuit à la belle étoile sur l'esplanade, visite d'Ecoworld Gallery, des promoteurs immobiliers. L'occasion de voir comment on voit le développement urbain en Malaisie. Le marché de la ''Garden city'' a encore de beaux jours devant lui apparemment...Allez, il est temps de quitter la ville pour un peu de nature. Une petite warung (version malaise des dahba indiennes) trouvée à midi pour me préparer mon kg de pâtes façon mee goreng (nouilles frites). Excellent avec ces crevettes et coquillages quelque peu pimentés. Dégustation de pur jus de carotte puis de melon honeydew, un rafraîchissement bienvenu par cette chaleur. Route tranquille jusque Gurun et sans pluie après une sieste obligée. Dodo à nouveau dans une mosquée après avoir rencontré Mohammed qui offre le souper à la communauté rassemblée pour le deuil de son père, décédé la veille.

        Découverte du melon honeydew et sa version en smoothie

7/11 - Gurun - Kangar 🇲🇾 - Déjeuner à la warung à côté de la mosquée de Gurun. Ce sera roti canai puis cake riz coco et cake maïs-sucre de canne ce matin. Route sympathique vers Alor Setar puis Kangar agrémentée d'envolées sauvages d'oiseaux toujours aussi difficiles à identifier (certainement butor, courlis, grues,..). Pause midi à Jerlun et à nouveau un flan de riz au maïs offert (avec banane, petit pois, pois chiche, carotte). La journée est particulièrement chaude, et les pauses à l'ombre seront inévitables. Dégustation des beignets carottes, crevettes, et les fameuses pisang cheese goreng (bananes frites au fromage). En soirée, la mosquée de Kangar m'ouvrira ses coursives et me fera de ses convives. Harri et sa femme m'inviteront par ailleurs à souper dans le centre avec un excellent nasi goreng (riz frits) et le Milo glacé (lait chocolat) qui va avec. Retour ensuite à la mosquée pour le petit dodo.

        Repiquage de riz, région de Perlis
        Restaurant indien avec Harri et sa femme

8/11 - Kangar 🇲🇾 - Sadao 🇹🇭 - Surprise au matin après la prière. Harri et sa famille proposent de m'emmener visiter Kuala Perlis dans leur superbe camionnette Hyundai climatisée. Kuala Perlis, petite ville vivant de la pêche, qui a bonne humeur en ce dimanche de marché, et avec ses trottoirs et maisons sur pilotis. Elle a notamment donné son nom au micro-État de cette partie nord-ouest de Malaisie. Je commanderai un Laksa pour déjeuner. Il s'agit d'une sorte de soupe de grosses pâtes à base de lait de coco, poisson, concombre et oignons...très bon! Retour à Kangar ensuite retrouver mon vélo. Merci Harri! En route vers la Thaïlande et le poste frontière de Bukit Kuyu Hitam. Pas de chance, grosse fuite au milieu de nulle part et sous un soleil de plomb. Ça devait me tomber dessus, le pneu était au bout de sa vie. Ouf, l'auto-stop fonctionnera, je serai vite emmené en pick-up au magasin de vélo le plus proche. Malheureusement, il n'y a à disposition que des pneus très fins (coussin d'air d'à peine 2 cm), donc sensibles aux fuites de pincement, et de qualité médiocre. Le pneu arrière sera néanmoins remplacé pour 50 ringgits (12€) avec chambres à air de réserve, ce qui fera l'affaire provisoirement. Cette fois, c'est la bonne, à une prochaine Malaisie et bonjour Thaïlande. Et un nouveau tampon dans le passeport qui me donne droit à 15 jours. Pluie diluvienne vers 17h, l'occasion de taper la discussion avec les locaux sous un arrêt de bus. May, une Thaïlandaise très avenante, est sidérée par mon voyage vélo et me propose de dormir sous son toit avec sa famille. Chose que j'accepte avec le plus grand plaisir. Large famille de 10, musulmane comme beaucoup dans cette partie du sud de Thaïlande, et dont le paternel sera tout chaud de m'emmener dans son café voir le match de Premier League en soirée. Ambiance village, et la Belgique en vedette avec Manchester City!

   Pneu en fin de vie                                                 ..et premier jour en Thaïlande sous la mousson

9/11 - Sadao - Pankok 🇹🇭 - Déjeuner thaï avec le frère de May et petit coup de main à l'épicerie familiale où Sara et la grande soeur gèrent la caisse et l'approvisionnement du matin. Route vers Songhkla après les adieux, puis le long du golfe de Thaïlande. Courte pause sur la plage, puis dégustation de roti sai mai (crêpe à la barbe à papa) et lak mut (fruit orange très sucré) dans un petit village de pêcheurs. Hébergement par une famille qui, ne touchant pas un mot d'anglais, me permettra d'apprendre les rudiments de la langue thaïe.

                                  Déjeuner typique thaï
        Plage du golfe de Thaïlande 

10/11 - Pankok - Nakhon Si Thammarat 🇹🇭 - Pas mal de kilomètres de prévus aujourd'hui, mais au bord de la mer, le décor est vraiment sympa : plages de sable, cabanes de pêcheurs en bambou, toujours autant d'oiseaux, d'insectes, de serpents et varans, et des gens souriants et d'une gentillesse...Je serai invité comme un prince vers 10h pour ce qu'on appellera un excellent brunch : riz, sauce lard de porc, bœuf aigre-doux, poisson à l'ananas-piment...Et dessert de gélatine noire au sirop de canne. Merci pour ce soutien irrésistible, ça donne des ailes! Arrivée à Nakhon Si Thammarat à 18h et tour au marché central qui fera bien plaisir aux commerçants. Ce sera à nouveau la mosquée qui m'accueillera pour la nuitée, avec la bénédiction de l'imam. Petite altercation néanmoins avec le ''garde de nuit'', véritable personnage en son genre, qui viendra passer la nuit à regarder les plus pures séries ''abruti-moi encore un peu'', volume à fond, dans la salle qui m'avait été proposée. Et dire que je l'avais tout d'abord pris pour un clodo squatteur...Bon, pas grave, j'irai dormir à côté.

        Les plages du golfe

11/11 - Nakhon Si Thammarat - Bangkok 🇹🇭 - Rencontre de Syed, 50 ans, à la mosquée lors de sa prière du matin. Il m'offrira du Chok mu sap (bouillie de riz) pour déjeuner, avant de me faire des propositions étranges. Je comprendrai par la suite qu'il est transsexuel, et simplement intéressé par un jeune homme fringant de 25 ans. Désolé, ce sera sans moi. Tour de ''Nakhon'' sous la pluie : Phramahathat Woramahawihan Wat (centre bouddhiste de Sud-Thaïlande) et son musée présentant nombre d'objets d'art tels les porcelaines ou encore les niellages du pays. Direction la gare ensuite en n'oubliant pas d'aller faire un petit coucou à la muraille encerclant la ville. Le train vers Bangkok démarrera à 17h, pour 604 bahts (15€) avec vélo et 12h de trajet.

        Phramahathat Woramahawihan Wat

                                 Chok mu sap (bouillie de riz) pour déjeuner

12/11 - Bangkok 🇹🇭 - Arrivé à la gare Centrale de Bangkok vers 6h du mat'. Je retiendrai le confort de ces wagons-couchettes et le va et viens des chariots à khanoms, roti sai mai, et autres friandises thaïes. Sympathique trajet de nuit. La journée se passera essentiellement à l'ambassade de Chine, d'où finalement je ressortirai bredouille malgré ma lettre d'invitation fournie par Felix. Ayant précisé que j'allais traverser le pays à vélo, ils m'ont fait savoir que je devrai passer par une agence spéciale qui me fournirait la lettre d'invitation spécifique. Mouais, l'ambassade de Chine à Bangkok me semble un peu trop zélée, ça risque d'être long et pénible. Faisons cela plus tard dans une ambassade moins bondée. Tour dans Khoasan Road en soirée pour se trouver une chambre à petit budget. Chanceux, je tombe sur un certain Tom, un vieux routard sexagénaire apatride, qui connait les bons plans de toute l'Asie du Sud-Est. Chambre climatisée pour 150 bahts (soit 3.8€), en plein centre historique de Bangkok, que demander de mieux !
                             Une matinée calme à Khoasan road
          Massages en rue, Khoasan road

13/11 - Bangkok 🇹🇭 - Après une bonne lessive de ce qu'il me reste comme short, T-shirt et autres tissus, je décide de partir en visite : Wat Mahathat, un des ''vieux'' temples de Bangkok, construits sous Rama I de la dynastie Chakri encore régnante à ce jour. Suite vers le centre avec le Giant Swing, symbole de la ville et Wat Suthat juste à côté avec ses impressionnantes peintures murales décrivant la vie de Bouddha. Le temple numéro 3 de la journée sera Wat Bowon Niwet où la plupart des hommes de la famille royale ont fait leur ''service monastique''. Wat Thepthidaram, puis Wat Ratchanatdaram est ses 37 donjons en métal vaudront également le détour. La journée sera bien remplie. J'ai ensuite rendez-vous avec mon nouvel hôte, Supaporn, qui m'héberge pour les quatre prochains jours dans la ville.

                                 Au pied du Giant Swing, Bangkok
        Les incarnations de bouddhas, Wat Suthat

14/11 - Bangkok 🇹🇭 - Tour au Musée National des barges royales, celles sorties pour les toutes grandes cérémonies royales sur le Chao Phraya, fleuve qui draine la moitié du pays. Visite furtive dans l'atelier de la Thaï Navy où les barges sont remises en état. Suite de la promenade le long du Chao Phraya pour se retrouver dans Banglamphu, le village original devenu quartier central de Bangkok. Passage rapide à son musée avec visite guidée...en thaï. Rencontres d'une équipe de production et d'acteurs en tournage. La série c'est Waen Sawat, certainement rien d'exceptionnel, mais toujours marrant de voir ça en direct. Poursuite vers le nord avec Wat Intharawihan, un temple et un bouddha géant qui domine le centre-ville du haut de ses 32m. Tour du Palais royal dont la sécurité est irréprochable. Passage dans les jardins de la masure Vimanmek toute de Tek puis du Palais style renaissance d'Anantasamakhom. Wat Benchamabophit (temple de marbre) et son monastère si paisible puis une excursion jusqu'au Bangkok Art and Culture Centre clôtureront cette journée marathon. 

                                Plateau de tournage d'une série thaï
    Horizon sur Bangkok 

15/11 - Bangkok 🇹🇭 - Nouvelle tournée de temples pour la journée : Wat Arun la scintillante, Wat Traimit et son bouddha en or, Wat Poh et son bouddha couché de 46m, Wat Ratchaprodit toute de blanc et Wat Ratchabophit d'une splendeur..À couper le souffle, ces temples rivalisent de beauté, c'est incroyable. Sinon beaucoup de pluies en cette journée. Visite du Grand Palace annulée, tellement de touristes et de règles...

          Wat Poh, merveilleux temple parmi tant d'autres
        
Le fameux Bouddha couché

16/11 - Bangkok 🇹🇭 - Journée repos. Rien de trop si ce n'est la promenade jusqu'au parc Lumphini où une dizaine de varans au bord de l'étang se donnent en spectacle, défendant chacun leur petit bout de plage à coup de mâchoire. Et réparation d'une fuite, malgré le nouveau pneu, pour clôturer cette petite journée tranquille.

       Lumphini Park, Bangkok


17/11 - Bangkok - Ayutthaya 🇹🇭 - Ça y est, il est temps de quitter Bangkok et le squat de Supaporn. Direction plein nord vers l'ancienne capitale du Royaume de Siam (1350-1767), alias Ayutthaya. Rapide passage à la Gurudwara pour partager mon dernier langar (cantine) avec la communauté sikhe de Bangkok. Petit achat souvenir...le T-shirt qu'on voit partout porté par les Thaïs : ''Bike for dad/mum''. Une campagne lancée avec l'appui de la famille royale pour remettre les citoyens sur le vélo. Le grand événement est pour dans un mois, et tout le pays sera sur la selle...Belle initiative! Ça a l'air sérieux, et pas mal de cours de vélo sont donnés dans la capitale. Dommage que je doive déjà partir. Dîner dans une warung (échoppe familiale) en bord de route, invité par une équipe de la TOT (Telecom Of Thailand) pour une soupe de nouilles et des pattes de poulet. Visite ensuite de Wat Warochet et Wat Chaiwatthanaram, chef d'oeuvre à la gloire de Bouddha en arrivant à Ayutthaya. Dodo à la police touristique après avoir testé le foie de poulet en beignet dans une petite échoppe.

        Quelques adeptes en plus sur la route d'Ayutthaya

         Bouillon de pattes de poulet !
        Wat Chaiwatthanaram, Ayutthaya

18/11 - Ayutthaya 🇹🇭 - Journée de visites. Après avoir passé ma nuit à la touriste police, je ne pouvais que faire honneur à tous ces monuments qui, malgré leur état de ruines, nous laisse imaginer la grandeur du Royaume de Siam. Visite de Wat Phra Si Sanphet au trois chedi, symbole de la ville. On peut déjà y sentir dans son architecture l'influence khmère du Cambodge voisin. Après quelques autres temples, la seconde curiosité de la ville est la tête de Bouddha encastrée dans ce qu'on appelle un Bodhi tree. Pas si impressionnant, mais intéressant. Wat Thammikarrat et ses 52 lions et encore d'autres avec des noms toujours aussi difficiles à prononcer. Pas de chance en après midi, seconde fuite avec le nouveau pneu arrière. C'est décidé, on abandonne la qualité chinoise pour réinvestir dans du Schwalbe Road Cruiser longue durée. 600 bahts seulement avec renforcement kevlar, quel plaisir de retrouver ce confort de route. Merci au petit réparateur de quartier qui m'a même réajusté la voilure de la roue. Retour au bureau de la police touristique pour passer la nuit qui est tombée plus vite que prévu avec tous ces pépins.

        Ayutthaya de jour

        Wat Phra Si Sanphet, Ayutthaya

19/11 - Ayutthaya - Ongkherek 🇹🇭 - Nouvelle nuit passée à la police touristique d'Ayutthaya, mais surtout un pneu arrière de nouveau prêt à mordre l'asphalte. Il faudra néanmoins un léger dégonflement après une dizaine de kilomètres pour que je me convainque de prendre des chambres à air de rechange et remplacer l'ancienne. Route sous le soleil vers le sud-est, où je pense que se trouve la Wongsanit Ashram, adresse obtenue au Népal via Marie, une bénévole française. Google Map trompera ma vigilance. Arrivé au milieu de champs de riz, et d'après les informations récoltés des locaux, je me rendrai compte que Google aura détourné mon chemin de 36km. Allez, il fait déjà noir, mais on revient sur ses pas. Mais la route retour vaudra son pesant d'or. L'accueil à l'ashram est d'un charme. Le fait de traverser un canal sur une petite plateforme, et arriver dans cette oasis de paix... Puis un souper improvisé sur le coup par Ladda qui gère les lieux, quel réconfort!

         Ganesh en promenade, Ayutthaya

                                 Réconfort du soir dans la 'Wongsanit ashram'

20/11 - Ongkherek - Ban Si Saek San Nare San 🇹🇭 - Déjeuner avec une quantité incroyable de nourriture, en compagnie de Gift Thaweesak qui m'avait reçu avec Ladda (gérante de l'ashram)...Quel réveil! Je passerai finalement toute la matinée au calme dans l'office à remettre mon actualité à jour dans le monde du numérique, avant de faire un rapide tour dans l'atelier écoconstruction (maison en terre-paille,...) du lieu. Je quitterai la Wongsanit ashram le cœur aussi lourd que l'estomac, après avoir pris un dîner à nouveau fastueux. Difficile de quitter les lieux quand on y est si bien. Route tranquille après avoir retraversé le canal à la force de traction d'une corde et arriver en soirée au marché de nuit de Ban Si Saek, où je pourrai encore déguster toutes sortes de spécialités. Nuit passée avec les vendeurs d'amulettes bouddhistes du marché.

         Atelier d'éco-construction, Wongsanit ashram

        Improbable accès de l'ashram

        Gift m'introduisant au déjeuner
        Avec Ladda, un coeur vibrant

21/11 - Ban Si Saek San Nare San - Sa Kaeo 🇹🇭 - Départ au lever du soleil après avoir salué mes amis spiritistes. Le soleil tape dur depuis le début de cette semaine, et malheureusement, cette journée sous le soleil sera celle de trop pour ma fragile peau de blanc-bec. J'ai tous les symptômes de la lucite estivale, mieux connue sous le nom d'allergie au soleil: sensation d'affaiblissement et apparition de boutons rouges sur les parties exposées. Pas chouette. On doublera la vigilance face au soleil et j'éviterai désormais de rouler entre 11h et 15h.

        Des vendeurs d'amulettes
        "Lucite estivale" - Désormais, ma peau ne supporte plus le soleil 

22/11 - Sa Kaeo 🇹🇭 - Banteay Mean Chey 🇰🇭 - La région est très belle, et de nombreux ateliers dans le domaine de la vannerie et l'artisanat à base de bambou bordent la route. Jour où je traverse la frontière vers le réputé pauvre Cambodge. Visa au poste de Poipet fait en 10 minutes pour 1200 bahts (+-32€). Comme on me l'avait conseillé, le faire entre les postes-frontière thaï-khmer est toujours d'actualité et moins cher contrairement à ce que disent les rabatteurs thaïs d'avant frontière, jouant sur le manque d'information des habituels touristes. J'ai failli, mais ne me suis pas fait avoir finalement. Rencontre de Xiao Wei côté Cambodge, un cycliste chinois qui m'introduira directement aux spécialités locales : criquets et autres insectes grillés. Excellent. Suite de la route jusque

Banteay Mean Chey où je me trouve un superbe temple pour passer la nuit. Le pays est pauvre en effet, mais leurs temples n'en paraissent rien. Sympathiques les jeunes moines Khmers, riants et enviant à la fois ma grande taille.

      
          Artisanat du bambou et passage côté Cambodge, Poipet 

23/11 - Banteay Mean Chey - Puok 🇰🇭 - Réveil matinal au champ du coq après la nuit au temple. Douche au puits et petit tour des environs avant de reprendre la route. A nouveau, la chaleur et le soleil sont difficiles à supporter. Je serai heureux de tomber sur un rassemblement vers 11h30, qui est en réalité un mariage, et d'y être invité. Accueil en grande pompe, à coup de costumes chromés, belles robes, strass et paillettes et repas à multiples services et large tournée d'Angkor, la bière du pays, accompagnée de glaçons. Reprise de la route quelques 3h plus tard, repu et un rien joyeux, après avoir chaleureusement remercié le couple. L'après-midi me mènera à Puok, seulement une bonne dizaine de kilomètres avant Siem Reap. Nuit dans une cour d'école accompagné d'une famille de nomades dont le van désossé plein de babioles, servant de magasin roulant, restera marqué dans ma mémoire. 

        Les mariés !
        Parmi les convives du marriage
        Vendeur d'insectes, marché de nuit, Puok 

24/11 - Puok - Siem Reap 🇰🇭 - Une petite heure me suffira pour rejoindre le site d'Angkor Wat. Malheureusement, le ticket d'entrée est de minimum 20$ et le seul guichet se trouve sur la route vers Siem Reap, 10 km plus au sud. Je pars donc vers le centre-ville, en préparation de son Festival de l'Eau (un des plus importants du pays), et m'enquiers d'un ATM pour retirer un peu de thunes. Chou blanc au premier trouvé, et ce sera sans succès pour toutes mes autres tentatives. Ayant pitié de mes soucis d'argent, un américain m'offrira bien un dîner. Je repartirai toute l'après-midi à la recherche d'une solution, mais toutes mes demandes de prêts resteront sans succès. Ce sont surtout les réactions du public francophone, chez qui je cherchais support, qui me décevront le plus. Peut-être ai-je été un peu direct, mais c'est incroyable à quel point quelques mots comme ''j'ai des petits soucis avec ma banque'' ferment subitement les portes. Il me faudra lutter jusque tard en soirée pour me voir enfin prêter 30$ par une Française travaillant à Hong Kong. Ouf, je suis sauvé. Je peux cueillir mon ticket de visite dès demain matin et peux même faire un tour au marché local pour me remplir l'estomac. J'aurai l'occasion de tester la tête de poulet, une nouvelle parmi les nombreuses bizarreries culinaires que compte le Cambodge.

        Préparation du Festival de l'Eau, Siem Reap
                                 Sympathique vendeuse de rue, boulevard nord de Siem Reap 

25/11 - Siem Reap - Phnom Khrom 🇰🇭 - Départ de la cour de l'hôtel vers 4h30 du matin, afin de voir le lever de soleil sur le majestueux temple d'Angkor Vat. Il y a déjà une foule de curieux, et cela se comprend. Le site d'Angkor est simplement ébahissant, géant et empli de mystères. Un régal pour les Indiana Jones comme moi. Le site est immense, mais je dois déjà le quitter alors qu'il y a encore tant à voir. Retour en soirée à Siem Reap où des milliers de Cambodgiens se rassemblent avant de descendre vers le Tonle Sap pour le Festival de l'Eau. Ce festival, à la pleine lune de novembre, servirait à remercier les génies des eaux qui donnerait l'irrigation si importante à l'agriculture. Je les suivrai donc un moment avant de me trouver un petit coin où poser mon matelas ce soir. 

    Angkor Vat, majestueux
        Bayon, Angkor Thom

        La jungle et des temples

        Le coin à touristes

26/11 - Phnom Khrom - Srei Snam 🇰🇭 - Réveil sur les bords du Tonle Sap. Les villages aux alentours ont la particularité d'être sur pilotis, ce qui leur évite d'être immergés lors de la saison des pluies dès le mois de mai. Toutes de bois, ces bicoques branlantes abritent les familles de pêcheurs vivants essentiellement sur leur pirogue. Tout un monde. Je prendrai ensuite l'escampette retour vers Puok en n'ayant toujours pas résolu mes soucis financiers.

        Village de pêcheurs sur les bords du Tonle Sap
        Le Tonle Sap et ses barges

27/11 - Srei Snam - Otdar Mean Chey 🇰🇭 - Je n'ai presque plus d'argent, et avec le doux espoir que les distributeurs de billets fonctionneront en Thaïlande, je ne fais que foncer plein nord sans trop prendre le temps. Les Cambodgiens, malgré le peu de temps que je passerai avec eux, n'hésiteront pas à m'offrir de quoi manger et même un hamac pour une sieste, alors que le soleil est de plomb vers 14h. 

        Soupe fraîche de midi

28/11 - Otdar Mean Chey 🇰🇭 - Surin 🇹🇭 - La Thaïlande se rapproche et mes espoirs de survie grandissent kilomètre après kilomètre. A la frontière, le garde est suspicieux de me laisser entrer en Thaïlande, avec tous mes visas et tampons. Heureusement, j'ai encore le numéro de Ladda, rencontrée il y a une semaine, qui me sauvera la mise. Le garde-frontière thaï sera juste ahuri, venant voir le vélo ensuite, avant de me souhaiter la bienvenue en Thaïlande. Je fonce alors vers Surin, la première grande ville de la région. Ayant trouvé une banque, je m'approche du premier ATM venu. Mais c'est à nouveau l'effondrement. Pas un seul thaï baht ne veut sortir. Je suis désespéré.

Je l'apprendrai quelques semaines plus tard, mais le compte de ma carte Maestro n'avait été ouvert aux retraits internationaux que pour une période d'un mois, la banque croyant que le problème de ma Mastercard aurait été réglé d'ici là. 

Mais les problèmes n'arrivent pas toujours seuls, il y a parfois des solutions qui accompagnent! Me voyant complètement perdu, un gentil vendeur de rue, prénommé Léo, me fait signe d'approcher. Il ne parle pas un mot d'anglais, mais comprend mon "No money" dépité. On discute par geste, comprend ma situation, et m'offrira de quoi manger pour la soirée. Nous partons ensuite à la rencontre de ses amis sur les marchés. Il me prend beignets, grillades, sushis, milk-shake à la mangue. Je suis aux anges, je viens de me trouver un gardien!

      Dernière matinée au Cambodge
       Invitation de Leo, alias "El", désormais Captain Jack Sparrow, à Surin

29/11 - Surin 🇹🇭 - Réveil chez Leo qui m'a fait la tournée de ses amis la veille. Pour régler mon problème d'argent, je n'ai d'autre solution que de faire un transfert via la Western Union. En attendant, j'en profiterai pour tisser des liens à Surin. Vente de fricadelles, poissons frits, etc.. dans les rues des environs avec Leo et sa superbe friteuse cylindrée à deux roues. A la pause de midi, nous tenterons d'acheter quelques Leo beer, d'où le surnom de mon sauveur. Malheureusement, il avait oublié que les magasins ne délivrent pas de boissons alcoolisées en semaine (mauvais pour la productivité au travail). Du coup, nous irons squatter les terrasses sur le lac d'Ampuen jusqu'au coucher du soleil. Nous nous remettrons allègrement au travail en soirée pour combler notre clientèle de leurs besoins en viandes bien grasses. Fous rires au menu !


Vendeurs de rue à Surin

       Leo กัปตันแจ๊ค สแปร์โร่ (à droite) et son bro' Osman นายสมาน โกรัมย์ (à gauche)

30-31/11 - Surin 🇹🇭 - Rebelote pour cette journée. Nous ferons la tournée de Surin sur notre moto-friteuse, faire le plein chez le fournisseur, avant d'aller faire le marché. Il y a du monde, une chouette ambiance, mais le client se fait rare. Le marché est immense, avec un bon kilomètre d'étals vendant toutes sortes de légumes locaux, de plats préparés, d'insectes, de fruits mixés à la glace pilée agrémentés de sirops et autres parfums...A nouveau, je me régalerai tant des yeux que de l'estomac. Impossible de mourir de faim ici. 

1/12 - Surin 🇹🇭 - Un peu de jardinage pour la matinée, avant d'aller chercher mon argent enfin arrivée au point Western Union du coin. Tout y est, je vais pouvoir continuer ma route. Je passerai néanmoins le reste de la journée avec Leo, pêcher à l'épuisette les poissons qui nous servirons de souper. Poissons grillés au menu donc, avec quelques restes de riz, et des herbes cueillies toutes fraîches.

   
Quand la vie est paisible chez l'ami Leo

2/12 - Surin - Roi Et 🇹🇭 - Dernier déjeuner avec Leo et ses parents. Le plus difficile dans les voyages nomades, c'est de devoir poursuivre sa route sans trop savoir pourquoi. Leo était devenu comme un frère en cinq jours, et devoir lui dire adieu à lui, puis à sa famille et ses amis fut parmi les moments les plus pénibles. Gardons le cap, on se remet en route vers le nord pour rejoindre le Mékong. C'est décidé, j'irai par le Laos pour rejoindre la Chine. Un temple de jeunes moines bouddhistes m'hébergera pour la nuitée dans la région de Roi Et. 

       Déjeuner d'adieu avec les parents de Leo

3/12 - Roi Et - Somdet 🇹🇭 - Levé aux aurores, je quitterai le monastère à la lueur du soleil levant au moment où les moines s'apprêtent pour la prière du matin et l'aumône du déjeuner. La lumière est magnifique sur les champs de riz fauchés il y a peu. Je traverse Roi Et en passant par son curieux parc central encerclé de douves (Bung Plan Chai) et son jardin botanique. La route traverse ensuite la rivière Chi, puis se poursuit vers Kalasin. Me convainquant que je peux encore faire quelques kilomètres, je roulerai jusque la nuit tombée pour atteindre Somdet. La baraka joue en ma faveur, je tomberai sur un groupe de Hollandais qui m'invitent à prendre un verre. Finalement, j'aurai droit à passer la nuit chez l'un d'eux.

       Le soleil se lève sur le temple

       Mae Si, plus longue rivière de Thaïlande


4/12 - Somdet - Sakhon Nakhon 🇹🇭 - Déjeuner omelette au gouda, ça faisait terriblement longtemps. Avec cette ambiance, cette maison, tout me rappelle les Flandres d'où mes aïeux viennent et la nostalgie de mon enfance remonte d'un coup. Totalement dingue, ici au milieu de la Thaïlande. Route agrémentée de légères pentes montantes en direction de Sakhon Nakhon avec par moment des singes comme compagnie. Arrivé dans la soirée à Sakhon Nakhon. Le tour de la ville aux temples plus fous les uns que les autres (Phra That Choeng Chum, Wat Chaeng Saeng Arun) sera plein de bonnes rencontres. Les gardes du parc du centre me proposeront même la salle de musculation pour passer la nuit juste sur les bords du lac de Nong Han.

        Phra That Choeng Chum, Sakhon Nakhon


5/12 - Sakhon Nakhon - Nakhon Phanom 🇹🇭 - Réveil le long du lac, où pirogues et autres plateformes flottent paisiblement sur le calme lac. Les moines du Temple de l'Aurore, alors que je revisite les lieux, m'inviteront à partager le déjeuner. C'est toujours aussi facile de communiquer avec les locaux, tant par le langage gestuel que par l'anglais, alors que le pays n'a jamais été colonisé. Visite d'une église chrétienne sur la route de Nakhon Phanom. Il semblerait donc qu'il y ait néanmoins eu une certaine influence par les Occidentaux ici en Isan (région du nord-est de la Thaïlande). Peut-être due aux nombreux expatriés que j'ai pu rencontrer...J'arriverai à Nakhon Phanom en soirée. La ville et le marché de nuit sont très animés, en effervescence pour les préparatifs de l’événement "Bike for Dad" dans moins d'une semaine. Presque tout le monde porte le fameux t-shirt dans la rue, quelle popularité! Je suis sur les berges du Mékong pour la nuit, le Laos est juste derrière, sur l'autre rive.

         Lac Nong Han au réveil, Sakhon Nakhon
        Réserve de nourritures préparée par les moines

6/12 - Nakhon Phanom - Ban Khruea Khao Khong 🇹🇭 - Après avoir fait mon déjeuner et des provisions de riz cuit et de légumes en sachet, je me lance sur la route qui me mènera jusque Vientiane au Laos, le long du fleuve Kong. La route est aisée, pratiquement aucun relief de ce côté, alors que de l'autre, je peux déjà apercevoir les premières montagnes laotiennes. Le bois remplace peu à peu le béton comme matériau principal des habitations et l'alimentation est de plus en plus faite d'herbes et de riz collant. 

        Sur les berges du Mékong et en face, le Laos !


7/12 - Ban Khruea Khao Khong - Bueng Kan 🇹🇭 - Après une nuit sur les bords d'un étang, j'aurai la chance d'être invité spontanément par une famille de locaux, au milieu d'une nature sauvage vivant de leur maigre bétail de buffles. Le déjeuner ne sera pas frugal pour autant : panier de riz collant, toutes sortes de légumes et champignons dont j'ignore totalement l'existence, des sauces pimentées. Tout ce qu'il faut pour démarrer la meilleure des journées. Visite du Parc National de Phu Langka ensuite, où mon arrivée ne passera à nouveau pas inaperçue par un groupe de Thaïs en excursion "Team building". Poursuite de la route vers Bueng Kan. Un moine viendra à ma rencontre, alors que je cherche où me reposer pour la nuit. Il m'introduira au patriarche du monastère, qui me fera signe de planter la tente juste à côté de leur temple.Super !

    Visite d'une famille Laotienne en Isan (Thaïlande)
   Déjeuner riz collant et mélange de légumes

    Team building au Parc National de Phu Langka 

8/12 - Bueng Kan - Phon Phisai 🇹🇭 - Rien de trop spécial de la journée. Le vélo roule toujours bien, et le paysage est toujours aussi beau. Tour au marché de Chaiyaphon, où les vendeurs/vendeuses me feront goûter leurs spécialités. La motivation sera là pour relier ce soir Phon Phisai. Je dormirai sur une plateforme surplombant le Mékong ce soir, avec la bénédiction des habitants des lieux.

         Séance photo à Phon Phisai


9/12 - Phon Phisai 🇹🇭 - Vientiane 🇱🇦 - Visite de Phon Phisai en matinée. L'art de rue me surprendra, spécialement les décorations des murs encerclant les différents monastères bouddhistes. Départ de Phon Phisai en fin de matinée pour fouler pour la première fois la terre du pays des Laos. La nourriture ne change pas de trop par rapport aux derniers jours, mais le prix est légèrement plus élevé, et j'échangerai mes bahts thaïs contre des kips laos. Visite rapide du centre de Vientiane, la place du Patuxai et les bâtiments du gouvernement. Rencontre de Meng en soirée, près de la Stupa Noire, qui a répondu positivement à ma recherche de logement à Vientiane. Très sympathique soirée avec ses amis de la haute société laotienne dans le cœur vivant de Vientiane.

        Plus qu'à quelques heures du Laos
        Comme un air de Western
        Wat Mani Khot, Phon Phisai
        Déjeuner riz collant, raisin et brochette de poulet

10-11/12 - Vientiane 🇱🇦 - C'est dans cette ville que je décide de faire ma demande du visa chinois. L'ambassade de Chine est réputée ne pas un peu moins zélée que les autres à Bangkok ou Hanoï. Je dois juste attendre 5 jours ouvrables pour obtenir le précieux sésame. Du coup, j'ai le temps de remettre un peu à jour ma page Facebook, donner des nouvelles aux amis et écrire un peu sur le blog. Fiesta en soirée sur les quais du Mékong. Une bonne partie de la jeunesse laotienne vient ici flâner, manger, se déhancher, voire chanter dans les salles de karaoké.

                                Le Phó, soupe de boulettes typique du pays

         Patuxai, Vientiane

12-13/12 - Vientiane 🇱🇦 - Meng m’emmènera à nouveau faire quelques tours en ville sur sa mobylette. L'occasion unique de faire les courses au marché en choisissant quel poulet on veut plumer, quelles herbes l'accompagneront, etc. Mais aussi de faire un sauna façon laotienne. Oui, chose que je n'aurai jamais imaginé ici, les habitants de Vientiane sont adeptes du sauna et comme partout au Laos, adorent la pétanque. Passé colonial français, me dira-t'on. Le Musée National du Laos me le confirmera, le pays garde encore quelques stigmates des "puissants" qui sont passés sur le territoire : Français coloniaux, Japonais impériaux, Chinois nationalistes, Américains, Vietnamiens socialistes, etc. 

        Love Vientiane

        Marché de nuit, Vientiane

        Poisson du Mékong au menu ce soir

14/12 - Vientiane 🇱🇦 - Dernier jour dans la ville si tout se passe bien demain pour mes papiers. Un temps pour visiter encore un peu la ville, et ses curiosités. Tour au marché du matin, puis visite du Temple d'émeraude (Wat Phra Kaew), qui a gardé 200 ans le Bouddha d'émeraude volé au temple Wat Phra Kaeo de Bangkok, avant que l'armée thaïe ne vienne le rechercher en 1779. Plutôt amusantes ces histoires de voisinage. 

         Restaurant avec Meng, sur le Mékong

15/12 - Vientiane - Mueangkao 🇱🇦 - Adieu à Meng, avant qu'il ne parte pour une mission de quelques jours dans les provinces du sud pour le gouvernement. Encore merci à lui pour m'avoir logé ces 6 dernières nuits et m'avoir donné un rapide tour d'horizon de ce que le Laos et Vientiane offrent de mieux. Direction le consulat de Chine pour moi, et bonne nouvelle, le visa est arrivé. Hourra ! A moi la suite du Laos et le Yunnan! Départ un peu tardif de Vientiane, après conversion de mes derniers bahts thaïs en kips laos et yuans chinois et la rencontre de Völker, un cycliste allemand qui n'a le temps de faire qu'un petit tour de 8 semaines en Asie du sud-est (et oui, certains travaillent). Il est 13h, grand temps de dire au revoir à cette ville si paisible. On choisira la route secondaire qui longe grosso modo la rivière Nam Ngum depuis Tha Ngon, afin de retrouver encore plus vite cette ruralité qui m'avait un peu manquée. Et en effet, la route est exquise pour les amateurs de paysages rizicoles et de petits villages en tout genre. Ce sera un peu après la nuit tombée, attiré par les ''sabaidee'' des enfants, que je me verrai offrir un endroit sieste des plus photogéniques que j'aurai pu avoir jusque-là : petit abri de bambou sur pilotis, toit en chaume (de riz) sur les bords d'un petit étang, avec montagnes en toile de fond. L'endroit rêvé!

       Fraîcheur au réveil

16/12 - Mueangkao - Vang Vieng 🇱🇦 - 126km - Réveil sur les bords magiques du petit étang trouvé la veille. En route dès 6h30, avec un petit détour vers le barrage sur la Nam Ngum et de là, admirer la superbe vue sur le lac. Ça monte et ça descend déjà pas mal. Un avant-goût de ce qui viendra dans les prochains jours dans le nord du Laos. Double déjeuner sur la placette de Thinkeo avec du riz gluant (khao niao) et des oeufs dans une sauce de lard sucrée, en attendant que le smartphone se recharge. Redémarrage à 10h pour une visite des rizières et des hameaux des alentours avant de retrouver la grand' route Vientiane-Luang Prabang. Un goulot d'étranglement pour les cyclotouristes globe-trotteurs. J'en croiserai 10 sur la journée, plus que ce que je n'aurais vu sur ces deux derniers mois. Arrivé à la tombée de la nuit à Vang Vieng, Babylone du Laos d'après Timo (un cycliste franco-hollandais rencontré un peu plus tôt). Et c'est vrai, on y retrouve le meilleur comme le pire du grand tourisme. Pas de changement dans mes habitudes, je trouverai de quoi me restaurer dans une petite échoppe, avant de trouver hébergement chez les moines de Wat Si Suman. Repos bien mérité.

         Lac du Nam Ngum

17/12 - Vang Vieng - Village 🇱🇦 - Après un déjeuner bien copieux avec les moines et les servantes de Wat Si Suman, j'irai admirer les différents points de vue que Bang peut offrir sur la Nam Song et les majestueuses montagnes environnantes. Sympathique rencontre d'un Israélo-brésilien au ''Recycled bar '', y jouant de la guitare en soirée pour refinancer temporairement son tour d'Asie (mélange de vélo, autostop, bus). Discussion sur le recyclage et le bicyclage. 9h30, il est temps d'attaquer la route vers Luang Prabang. Les vallons se corsent, spécialement après la bifurcation vers l'Ouest au niveau de Kasi. Plein de petits villages typiques, et de ''sabaïdee'' des petits enfants, accourant sur le bord de route saluer mon passage. Arrivé en soirée dans un petit hameau, où je serai chaleureusement invité par Ponhong à souper et finalement passer la nuit avec sa famille et ses 8 enfants.

       Paysage de Viang Vieng

18/12 - Village - Souanluang 🇱🇦 - Adieu à Ponhong et sa famille, après le traditionnel déjeuner khao niao (riz collant) et son accompagnement bien épicé de végétaux en tous genres. Il aura la bonne idée de me faire une petite réserve de riz pour la suite de la journée. Et en effet, ce détail m'évitera une grosse fringale pour les 40-50 kilomètres de pentes coriaces qui suivront sans aucun village qui vive. Un véritable parcours du combattant pour quitter la vallée de Nam Kay et rejoindre celle du Mékong et la Nationale4. Paysage au rendez-vous, mais les jambes s'en souviendront plusieurs jours. La route redevient plus gentiment vallonnée, et ce sera à seulement 20km de Luang Prabang que j'échouerai ce soir-là. Fatigué, mais heureux de la performance : relier Vientiane-Luang Prabang en à peine 4 jours avec détours généreux, ça tient de la prouesse!

        Déjeuner avec Ponhong et sa famille

19/12 - Souanluang - Luang Prabang 🇱🇦 - Réveil en douceur après une nuit passée en tente sur une terrasse de la Croix-Rouge, le long de la N4. Après quelques kilomètres de route, je remarque que nombre de gens sont en habits traditionnels, les femmes sont particulièrement remarquables. Après avoir poussé mon vélo vers la plaine où semblent converger les gens par milliers, on me fait savoir que je suis en fait au cœur du grand rassemblement des Hmongs qui fêtent leur Nouvel An. Ils viennent de partout, la plupart de la région Nord Laos, mais il y en a qui viennent de Nord Thaïlande, Vietnam, et même du sud de la Chine. Découverte de leur jeu de balle qui, si j'ai bien compris les règles, peut servir de speed dating aux jeunes Hmongs. Deux rangs mixtes se font face, chacun ayant un partenaire à qui il peut envoyer une balle de tennis. Le partenaire doit l'attraper d'une main. Dans le cas contraire, l'envoyeur peut lui poser une question telle que : t'es célib' ?, tu fais bien la cuisine?, le ménage?, t'es riche?, et j'en passe. Sympathique comme ambiance. Après quelques clichés dignes du Carnaval de Rio, me revoilà en route pour la ville classée de Luang Prabang. ''Beaucoup de touristes'' sera ma première impression, mais la ville a su garder son cachet et cette paisible atmosphère que les Laotiens entretiennent si bien. Promenade dans ses petites ruelles et visite de temples (Vat Sensoukharam et l'ancien Vat Visunalat) en fin de matinée. Vat Xieng Thong, le temple qui fait l'attractivité du site, illuminera mon après-midi de ses milliers de dorures murales et de ses mosaïques illustrant la vie des citadins d'une époque révolue. Tour au marché de nuit ensuite où, selon les dires, on peut y manger copieusement pour 15000 kips (1.5€). En effet, très bon ce buffet végétarien avec pâtes en tout genre. Après petite promenade digestive avec deux Américains, ce sera sur les bords du Mékong que je terminerai ma soirée, au Wang Wang: dans un squat de Chinois avec dortoirs pour 30000 kips la nuit (3€). 

        Vat Xieng Thong, Luang Prabang
                                Nouvel An Hmong en arrivage, région de Luang Prabang

20/12 - Luang Prabang 🇱🇦 - A oui, ce matin sera dédié à la remise en état de mon câble de changement de vitesse. En effet, la gaine avec le temps et l'usure s'est rouillée, perdant sa rigidité pour finalement s'écraser sur elle-même à chacun de mes coups de poignée, laissant le dérailleur immobile sur les 20 derniers kilomètres de la veille. Le Laos avec une vitesse, ça pourrait titiller mon esprit challenger, mais revoir 5 vitesses fonctionner après mon petit bricolage ne put que m'emplir de joie. Nouvelle gaine à 15000 kips obtenue chez un loueur de vélos, tout étonné et content que je puisse trouver mon bonheur dans le fouillis de son atelier. Déjeuner au squat avec une excellente soupe de nouilles, typique chinoise, avec Pan Xiangyu de Ghuangzhou, Yanni de Jinan et Frank de Xi'An qui a, quant à lui, traversé la Chine en moto. Échange d'informations bien utiles pour la suite de mon parcours. Après-midi visite du quelque peu décevant Musée National de Luang Prabang, ancienne résidence de la famille royale, avant d'aller escalader le mont Si Phou qui lui fait face. Vue plongeante à 360° sur la ville et ses alentours de montagnes et de rivières entrelacées. Discussion avec de jeunes moines désœuvrés, dont la vie monastique pour 1 ou 2 ans consiste principalement à faire l'aumône en matinée, un véritable cortège dans les rues de Luang Prabang, puis quelques lectures et récitations des textes sacrés du bouddhisme theravada. De mon côté, la suite de la journée se passera au buffet du marché de nuit, même table que la veille, avec comme convives Andreas de Francfort et Umit d'Ankara, tout deux grands voyageurs à la quarantaine, aux yeux pétillants à la vue de mon vélo déroutant de simplicité. Bonne tranche de rires. Retour à l'auberge Wang Wang, pour préparer la suite du programme. Plus que quatre jours et l'Empire du Milieu m'ouvre ses portes.

        Montage du marché de nuit, Luang Prabang 
        Buffet du marché de nuit 

21/12 - Luang Prabang - Nea 🇱🇦 - Journée marquée par la sortie de la vallée du Mékong, une nature sauvage avec myriades de papillons, et des scènes de paysages simplement merveilleux. Mais ce qui fera définitivement ma journée sera...de retrouver Holger sur ma route, barbe immense et Tshirt troué, après quelques mois en Chine. En effet, six mois nous séparent depuis qu'on s'était quitté à Téhéran, après y avoir attendu infructueusement nos visas turkmènes une bonne semaine. Nos routes s'étaient séparées, et là c'est juste É-norme! Émotions difficilement exprimables, surtout qu'on s'était vachement bien entendus. Le monde semble tellement petit chez les cyclotouristes. Mais on doit déjà se quitter, il doit atteindre Luang Prabang à 40km pour la soirée, et je dois avancer vers la Chine, ayant un budget serré pour les quatre jours qui me restent au Laos. Tellement d'aventures à se raconter, ce sera pour une prochaine fois.

       Retrouvaille inattendue de Holger, le barbu au centre, accompagné de Mia et d'un Suisse

22/12 - Nea - Houaylin 🇱🇦 - Très beaux paysages. Je rencontrerai un couple de Suisses (Raphael et Petra) accompagné d'un cycliste chinois. Eux aussi ont suivi la Route de la Soie et connaissent bien la bande que j'ai retrouvé la veille. Décidément, le monde des cyclotouristes est tout petit. J'ai l'impression de remonter le courant en allant vers la Chine et le Laos fait apparemment goulot d'étranglement. Mais malgré le nombre de cyclistes empruntant la route, celle-ci n'est pas des mieux entretenue et la poussière imprègne mes vêtements en profondeur. Je trouverai un petit spot en soirée, une sorte de cabane abandonnée au long d'une route assez tranquille. Cela fera l'affaire.

        Enfants et jeu de rue
        Compagnons de vie au village

23/12 - Houaylin - Village 22 🇱🇦 - La route continue à monter vers le nord et mon axe de roue arrière est devenu au fil de l’ascension complètement grinçant. Il est grand temps de remplacer les roulements à billes. Heureusement, je tomberais sur Moua Chee, un guide touristique de Luang Prabang, revenu dans son village pour un mariage. Il m’emmènera, 20km retour vers Oudomxai, où je pourrai trouver un nouveau roulement à billes, à monter moi-même en attendant mieux. Moua Chee, me ramène à son village, alors que la cérémonie post-mariage a commencé. L'ambiance est très spéciale. Le mariage va lier deux familles de deux grandes tribus des montagnes autrefois rivales, les Khmu et les Hmongs. Un chamane a donc été invité pour faire fuir les mauvais esprits qui, dans un futur plus ou moins proche, pourraient insidieusement séparer les deux familles. 

          Pour se réchauffer le coeur

                                  Moua Chee m'invite aux rites du mariage

24/12 - Village 22 - Boten 🇱🇦 - Je quitte Moua Chee en matinée, non sans quelques émotions au départ. Mais ma route doit se poursuivre. J'ai rendez-vous avec la Chine ce soir. Les paysages sont saisissants aujourd'hui. J'ai l'impression de planer, en altitude, sur les crêtes que même la brume n'atteint plus. La route reste accidentée, mais qu'est-ce qu'elle est belle. Il me faudra néanmoins puiser dans mes réserves de courage pour atteindre la frontière ce soir. Boten est au sommet de ce faux plat montant interminable. Et comme vous le savez déjà, ce ne sera pas ce soir que je pourrai passer en Chine. Faute à ma photo de passeport?? Mystère mystère.

         Au dessus des nuages

     No man's land entre le Laos et la Chine, j'y crois encore 

25/12 - Boten 🇱🇦🇨🇳🇱🇦 - Nuit passée dans un hôtel à Boten. Toutes les stratégies pour passer la frontière me tortureront l'esprit. Comment est-ce possible? J'en ai tant chié pour obtenir tous ces papiers, le visa et le nécessaire pour rentrer en Chine. Et voilà qu'un seul gars a décidé de ne pas me laisser passer, mettant en question la validité de mon passeport. La photo ne date pourtant que de deux ans, mais c'en est trop pour lui. Je retenterai pourtant ma chance ce matin. Je passe chez le coiffeur et le barbier. Je m'habille et suis propre, rien n'est laissé au hasard. Malheureusement, rebelote. Je retombe sur le même gars qui me reconnait illico et "content" de me voir récidiver, m'indiquera la direction retour Laos sans broncher. Le monde s'écroule d'un coup. J'espérai qu'il serait plus conciliant, mais rien n'y fait. Il ne parle pas anglais et ne fera aucun effort dans mon sens. Je ne peux que retourner en arrière, mon vélo pesant une tonne d'un coup et toutes ces montagnes à retraverser...Nooooooon ! 

Je me sens juste perdu. Mais, il fallait que je sois totalement perdu pour tomber sur une joyeuse bande de cyclotouristes européens ayant tout juste traversé la frontière et continuant vers le sud. "Fêtons Noël ensemble" me proposent-ils sans plus attendre. Ahaha, quel ascenseur émotionnel. D'un coup, les problèmes s'évanouissent. Nous passerons la journée entière à nous raconter nos aventures. Amélie et Kris, un couple de Français sont depuis mai sur leur vélo (soit 8 mois) et viennent de Lille, à quelques kilomètres d'où je viens. Puis Ritzo, 26 ans, un Hollandais un peu fou, qui pédale depuis sa région de Groningen avec un sabot unique (l'autre s'est perdu en route). Et enfin, Fredrika, une Suédoise de 24 ans, à la force de caractère inspirante qui a commencé elle aussi en mars, mais au départ de la Suède ! Que du beau monde.

         La bande avec Ritzo, Kris, Amélie et Fredrika

26/12 - Boten - Luang Namtha 🇱🇦 - Fredrika nous quittera très tôt. Elle a promis à ses parents de les retrouver à Bangkok dans moins de deux semaines et il y a encore de la route. Avec Ritzo, Amélie et Kris, nous décidons de reprendre la direction du sud en fin de matinée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pu parler français, et tout comme moi, Kris et Amélie avaient la nostalgie des bons fromages et des bonnes bières de nos contrées. Nous descendrons jusque Nateuy pour trouver un dîner au maché, avant de définitivement nous séparer. En effet, je prends la route la plus courte vers la Thaïlande tandis qu'ils prolongeront vers Luang Prabang par où j'étais arrivé. Vers la fin d'après-midi, sans avoir rencontré âme qui vive, je tombe sur un couple d'Espagnols en promenade vélo dans la région eux aussi. A eux deux, ils ont moins de bagages que moi et leurs vélos valent le mien. Le peu qu'ils ont en équipement est très bien pensé. Je me souviendrai toujours lorsqu'ils me présenteront leur cuisinière : une boîte de conserve d'1L environ, trouée en deux endroits et alimentée de la biomasse sèche qu'ils trouvent en bord de chemin (bois, paille). Si simple et efficace qu'on n'y pense même plus!

          Retour forcé vers Bangkok

27/12 - Luang Namtha - Donchai 🇱🇦 - Après une excellente nuit passée dans ma tente, sur une terrasse rizicole près d'un ruisseau, je quitte presque à contrecœur mon petit coin de paradis pour reprendre la route. Une route quelque peu solitaire, mais dont ses habitants ne manqueront pas de m'encourager. S'il y a quelque chose que j'ai énormément appréciée ici au Laos, c'est cette inexistence de l'indifférence. Alors que je dînais sobrement sur un banc près du magasin du village, une femme après avoir fait ses courses, est venue vers moi m'offrir des biscuits, boissons et quelques vivres supplémentaires. En effet, j'étais bien beau avec ma liasse de yuans maintenant. Ces quatre-cinq jours supplémentaires au Laos ne pouvaient se faire qu'avec le peu de kips laos qu'il me restait. Je trouverai le courage de faire une bonne centaine de kilomètres dans cette région vallonnée et reculée que l'on aime appeler "Triangle d'or" en Occident. Mise à part la rencontre isolée d'un fumeur d'opium, la région ne semble avoir totalement laissé de côté la culture du pavot pour se concentrer essentiellement sur les vivres : riz, bananes, haricots, café, cacahuètes et l'élevage assez important de porcs en liberté.


28/12 - Donchai - Houei Sai 🇱🇦 - La route me rapprochera encore un peu plus du nord de la Thaïlande. Mais elle restera difficile avec le peu de nourriture qu'il me reste et l'axe de ma roue arrière qui continue à grincer de façon inquiétante. Les jambes flageolent, ma tête tourne et j'ai comme une envie de vomir depuis quelques heures. Une dernière côte en fin de matinée m'achèvera définitivement. Il est temps que je fasse une pause. Deux camping-cars de Chinois m'apercevant presque à l'agonie sur le bord de route s'arrêteront un instant. De l'eau, des biscuits, du yaourt grec et un énorme pomélo et des encouragements chaleureux. Tel est le cadeau qui me sera offert aujourd'hui. Cela me portera jusque la ville frontière d'Houei Sai où je pourrai définitivement reprendre des forces et claquer mes derniers kips laos. 


29/12 - Houei Sai 🇱🇦 - Chiang Rai 🇹🇭 - Un dernier déjeuner typique lao, le phó, tenant bien au corps et me voilà prêt à fouler la Thaïlande pour la troisième fois. Je quitte donc le Laos, traverse à nouveau le Mékong qui fait office de frontière et arrive au poste de Chiang Khong. Remplissage des papiers obligatoires, échange de mes devises chinoises en baht thaï, puis on me fait savoir que je dois prendre un bus pour continuer ma route. Le poste frontière ne donne que sur l'autoroute, mais le bus peut m'emmener jusque Chiang Rai. Puisque je dois démonter en partie mon vélo pour le mettre dans la soute, autant faire la route jusque-là pour quelques bahts de plus. Arrivé à Chiang Rai, je trouverai un camping parfaitement situé et un magasin de vélos, le Fat Free Bicycle Shop, pour refaire l'axe de ma roue arrière. Grâce à Narong, le mécanicien de service, mon vélo sera définitivement prêt à remordre le goudron sans plus aucun grincement. 

        Le phó, le feu de la journée
        Au Fat Free Bicycle Shop avec Narong, mon mécano surdoué et un touriste français

30/12 - Chiang Rai - Mae Suai lake 🇹🇭 - Béni des dieux. La Jitaree Guest house où je suis tombé la veille est un havre de paix. Je passerai du temps avec Fanny et Tyson, l'une Française, l'autre Hawaïen avec lesquels j'échangerai beaucoup. Ils voyagent ensemble depuis 5 ans et ne sont pas spécialement intéressés de s'installer. Vivant de services et de petits boulots, ils ont une expérience de la vie inspirante, une liberté et une humilité extraordinaire. César, également français, mais venant de Guadeloupe, aura aussi quelques bonnes histoires à nous raconter. Que de parcours atypiques! Je quitterai les lieux en début d'après-midi pour me retrouver en soirée sur les bords d'un lac immense, pour moi tout seul.

        César sur le départ, à la Jitaree Guest House
       La cabane du pêcheur

31/12 - Mae Suai lake - Tambon Mae Pong 🇹🇭 - Réveil à l'aurore sur les bords du lac de Mae Suai. Cette dernière journée de l'année sera riche en surprises. Après quelques kilomètres sur la selle, je découvre des geysers et des sources d'eau chaude à Thaweesin. Les touristes qui y passent ont pris l'habitude d'y cuire des œufs. Amusant. Mais le site a vu également se construire un impressionnant temple en l'honneur de Shiva. Je poursuis ma route jusqu'au coucher du soleil en espérant trouver un endroit où festoyer. Un petit restaurant m'offrira avec plaisir l'hospitalité. En plus du repas, ils me gratifieront d'une soupe de serpent, très piquante, et accompagnée de leur alcool maison. Finalement, je ne suis vraiment pas mal tombé et le serpent ressemble fort à du poisson niveau goût. 

       Temple Shivaïste de Thaweesin

        Du serpent pour le Nouvel An

1/01 - Tambon Mae Pong - Chiang Mai (40 km) 🇹🇭 - Pas beaucoup de kilomètres pour cette journée du Nouvel An. Je quitte les sympathiques Hui et Mam pour rejoindre Chiang Mai sous le cagnard. Les journées sont encore très chaudes pour ce début de mois de janvier. Je retrouverai le non moins chaleureux Dell, un expatrié british retraité, et Nong sa jeune femme thaï. Oui, c'est assez courant comme situation, surtout ici dans les environs de Chiang Mai. La visite de la ville fut sympathique. Ses murailles et douves dignes d'une forteresse et ses lieux de cultes (Wat Chompu) font l'attractivité de la ville. Je rencontrerai donc Dell après cette après-midi tourisme, qui m'invitera, enthousiasmé, passer la soirée au bar belge du quartier. Le Jetro bar, essentiellement flamand, me servira quelques excellentes Chouffe. Ça fait tout drôle de retrouver cette ambiance bien belge si loin du pays et après si longtemps.

                                 De quoi se rafraîchir en ce 1er janvier

2/01 - Chiang Mai 🇹🇭 - Repos chez Dell. Quelques discussions avec ses voisins expatriés tel Jonny, un Finlandais à la trentaine venu chercher chaleur et lumière dans ce pays du sourire éternel. Je terminerai le petit tour de la ville entamé la veille. Très sympathique cette ville même si elle est quelque peu envahie d'Européens et d'expatriés.

        Wat Chedi Luang, Chiang Mai 

        Fortifications de Chiang Mai 

3/01 - Chiang Mai - Ban Pa Sak (117 km) 🇹🇭 - Dernier déjeuner typique English avec Dell. C'est le moment de se mettre définitivement en route vers Bangkok. 820 km en 8 jours, et quelques lieux à visiter, le parcours va être intense. Direction le Grand Canyon de Chiang Mai tout d'abord, qui m'avait été conseillé par Jeanne et Tyson. Pas aussi impressionnant que ceux d'Arizona, mais pas déçu d'avoir jeté le coup d’œil. Seule une procession bouddhiste, avec musiciens et grand moine sur trône dans un pick-up animera quelque peu cette journée plutôt calme dans le coin de Lamphun. Dodo sous un abri de terrain de sport abandonné.

         Grand Canyon de Chiang Mai 

4/01 - Ban Pa Sak - Ban Saliam Wan (104 km) 🇹🇭 - Peu de choses aujourd'hui si ce n'est la traversée en zigzag dans les petites montagnes du Parc National de Mae Ping, un peu avant Ban Pak Kong, pour rejoindre la vallée de la rivière Wang. Descentes à tambour battant et sublime panorama. Rencontre des locaux du petit village de Ban Saliam Wang au moment où je cherche à établir mon camp de base pour la nuit. Ils me guideront vers le moine de l'endroit qui me propose sans plus attendre de m'installer dans le temple. Bonne nuit bouddha.


5/01 - Ban Saliam Wan - Sukhothai (76 km) 🇹🇭 - Après une nuit de repos bien mérité, le moine du temple revenant de son aumône du matin m'invite à déjeuner avec lui : riz en abondance, oeufs durs, omelette, saucisses qui me semblaient être à base de patate en partie, et une assiette de petits gâteaux et beignets. Un repas qui me calera pour toute la journée. La première étape de la journée sera la visite du réservoir de Mae Mok à moins de 10 km. Presque immaculé, le plan d'eau est superbe avec les montagnes en arrière-plan et pas mal d'échassiers qui viennent y nicher. La deuxième étape sera de longer le Parc National de Ramkhamhaeng, qui a tout d'une savane avec sa brousse à perte de vue et ses palmiers solitaires éparpillés par-ci par-là. Arrivé en début d'après-midi à Sukhothai, j'ai bien le temps de visiter ce site historique classé à l'UNESCO. Il y a quelques touristes, et la plupart sont français. L'endroit me rappelle Ayutthaya avec ses immenses temples à moitié en ruines et ses chedi pointant le ciel telles des reliques de la grandeur de l'empire qu'était celui de Sukhothai du 13e et le 15e siècle. Mais malgré toutes ces belles choses, ce sera dans les sanitaires de la Tourist Police que je planterai le matelas ce soir. Il fallait bien que je le fasse au moins une fois.

        Parc historique de Sukhothai 
         Wat Mahathat, Sukhothai 

6/01 - Sukhothai - Kamphaeng Phet (82 km) 🇹🇭 - Test ''nuit dans les sanitaires abandonnés de la police touristique de Sukhothai'', réussi. On ira se revigorer au marché pour un costaud double riz, oeuf-lardons au jus sucré (20 bahts). Après une courte visite des derniers vestiges de ce site historique, je quitte la civilisation pour 80 km de brousse. Traversée du parc national de Ramkhamhaeng, avant de relier Kamphaeng Phet. C'est à nouveau une ville classée à l'UNESCO, et son parc historique ouvert au public est à couper le souffle. Je vois cet immense temple, Wat Phra Kaeo, et ces statues de Bouddha, et ne peux pas m'empêcher d'imaginer la vie qu'il devait y avoir au 13e siècle. Les grands prêtres, les rituels et la population en effervescence. Du rêve avant d'aller se coucher au stade d'athlétisme Chakungrao, qui a bien accepté que j'y pose mes pénates pour cette nuit.

                                Wat Phra That, Kamphaeng Phet 
         Wat Phra Kaeo, Kamphaeng Phet 

7/01 - Kamphaeng Phet - Nakhon Sawan (137 km) 🇹🇭 - Doux réveil au son de baskets sur le tartan. Il est à peine 6h et les jeunes et moins jeunes athlètes sont déjà prêts à mordre la piste. Quelle motivation. Je range mes affaires, et à peine le temps de boucler mes sacs que Khan, le gardien de nuit du stade, arrive avec deux petits sachets de riz collant pour moi, poulet frit dans l'un et sorte de saucisse boeuf sucrée à la patate dans l'autre. Géniales les imaginations culinaires qui me traversent l'esprit pour mon retour en Belgique. Le dîner sera par ailleurs fait de beignets de potiron et de pois, avec sauce sucre-piment-cacahuète-herbe. Un délice. Paysages de rizières avec nombreux échassiers, dont la cigogne grise*. Content d'arriver à Nakhon Sawan, qui était le gros objectif de la journée. Il est temps d'aller quérir l'endroit idéal de repos. Ce sera le très joli et animé Uthayan park qui m'accueillera cette nuit. Aires pour bmx, skateboard, musculation, badminton, football, basket-ball, danse, circuit vélo et même pétanque...Discussion avec Sukasem, un docteur/entraîneur de football, dont les fils jumeaux admirent notre équipe nationale. Je suis étonné du nombre d'adeptes sportifs jusque tard dans la nuit. La Thaïlande se bouge!

         Dodo dans l'Uthayan park de Nakhon Sawan 
         Réveil au Stade de Kamphaeng Phet 

8/01 - Nakhon Sawan - In Buri (110 km) 🇹🇭 - Le réveil au parc ce matin sera particulièrement...matinal. Les Thaïs n'hésitent pas à se lever tôt pour leur séance de jogging ou leurs défoulements tels la marche rapide avec secouement impromptu des bras (non, le ridicule ne tue pas) ou le cri désynchronisé en groupe. Réveil en sursaut vers 5h30 du mat' donc, et vraiment pas de chance, ce sera pour constater que mon pneu avant est à plat. Deux fuites en deux jours, c'en est trop. Je me mets donc en quête d'un magasin de vélo. Après avoir tourné deux bonnes heures en ville et être passé par deux magasins, je trouve enfin mon bonheur : pneu Schwalbe Road Cruiser 28 pouces. Tant qu'on y est, on investira aussi dans une nouvelle chambre à air et le scotch de jante, pour un total de 970 bahts (27€). Voilà de quoi repartir d'un bon pied sur la Nationale1, la route qui relie l'extrême Nord du pays à Bangkok. Malgré la qualité de la route et le peu de relief, le sort s'acharne sur moi après des achats à Chai Nat, quelques 60km plus loin: fuite au pneu arrière cette fois. Ouf, une grosse épine, c'est réparable. Poursuite de la route tranquille le long de la rivière Ping, désormais appelée Chao Phraya jusque son embouchure dans le golfe de Thaïlande. De la musique m'attire dans un temple quelques kilomètres avant In Buri. Il s'agit en fait d'un ''enterrement'' dans la plus pure tradition bouddhiste, soit le rassemblement de la famille pendant 5 voire 7 jours matin et soir en compagnie des moines. Pas de tristesse ici, l'heure est plutôt à la fête, un peu comme si on fête le départ d'un proche pour un nouveau voyage. Invitation très sympa à souper (riz, omelette et sorte de courgette au citron) avec levé de ''toast'' Whisky/glaçons. Dodo en compagnie de Bouddha dans un de ses innombrables temples, décidément on ne se quitte plus.

        Craquage desserts thaïs
                                 Encore une petite vipère victime de la route 

9/01 - In Buri - Ayutthaya (103 km) 🇹🇭 - Riche déjeuner au cours de la cérémonie du matin au temple. La famille du défunt est à nouveau rassemblée, face à la petite dizaine de moines communiquant avec l'au-delà par chants interposés. Je les quitterai une bonne heure plus tard, les remerciant du chaleureux accueil, et achalandé d'une quantité incroyable de présents gourmands. Ils ont dû remarquer que les desserts du déjeuner m'avaient tapés dans l'œil : pastèque jaune, pâtes ''jelly'' de riz verte et au sucre de canne et beignets fourrés aux pois jaunes. Il y en a bien pour 1,5 kilo, et pourtant cela ne tiendra pas plus d'une demi-journée. C'est fou à quel point il est difficile moralement de transporter ce genre de choses plus de quelques heures. Route paisible jusque Ayutthaya, où je retrouve vite mes marques dans cette ville que j'ai déjà pu apprécier il y a une cinquantaine de jours. Visite du marché flottant de Tha Karong. A vrai dire, je serai assez déçu. Il n'y a absolument plus rien d'authentique, une sorte de Disneyland à touristes décérébrés. Temples décorés à l'extrême avec des centaines de boîtes à sou débordantes de billets, des bouddhas obèses jouant les rois du pétrole sur des piles de pièces d'or, et des répliques de bateaux accrochés à la plateforme sur le fleuve Chao Phraya...Ça pue véritablement le fric du tourisme de masse. Dommage. Je retourne dans le centre passer la nuit à la Tourist Police.

         Marché flottant de Tha Karong, Ayutthaya

10/01 - Ayutthaya - Bangkok (87 km) 🇹🇭 - Nuit perturbée, je n'arrive pas à trouver sommeil. La paupière de mon oeil droit me lance de plus en plus. Une piqûre d'insecte pendant mon sommeil il y a trois nuits qui ne veut pas s'estomper. Je tente de laver l'oeil et la paupière au matin, mais la peau déjà sensible se déchire sans résistance. Bon arrêtons-là les frais et traçons jusque Bangkok. Pas plus de 4h me suffiront pour couvrir la distance. Au moins les jambes sont en forme. Rencontre de Ben, mon hôte british trouvé sur Warmshowers dans l'est de Bangkok.

11-12/01 - Bangkok 🇹🇭 - Repos chez Ben avant de prendre l'avion vers Hong Kong. Voici la dernière photo de mon vélo avant que je ne doive l'abandonner à l'aéroport après plusieurs mauvaises circonstances.

Bye bye Thaïlande..

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