Asie Centrale



 Petit rappel :

16/07 - Téhéran 🇮🇷 - Tachkent 🇺🇿 - Retour cette fois-ci à la Khayyam house à Téhéran. Cours de chinois et de russe avec le propriétaire, Reza, qui manie déjà bon nombre de langues. Visite de l'ambassade d'Inde pour Jérôme. Tant qu'on y est, voyons si le "clearance number" pour le visa est arrivé. Malheureusement, ce sera un nouvel échec. Jérôme quittera donc l'Iran sans son visa indien précommandé. Le décollage de l'avion est prévu ce vendredi matin à 5h. Nous ferons nos adieux à la "maison de Khayyam" dès jeudi soir, pour nous diriger ensuite vers Merhabad Airport (Téhéran). Malheureusement, une fois arrivés sur place, nous nous rendrons compte que ce n'est pas le bon aéroport. Celui pour les vols internationaux se situe à 60km au sud de Téhéran, l'Imam Khomeini Airport. Petit coup de stress, non seulement pour la distance à parcourir, mais en sachant également que le pays entier fête l'Aïd ce soir. En effet, la fin du ramadan est une des plus grandes fêtes du pays. Par chance, on a encore de l'avance et un taxi voudra bien nous emmener pour quelques 20$ jusqu'à destination. Il ne reste plus qu'à emballer nos vélos juste avant l'embarquement et nous voilà partis pour l’Ouzbékistan.

     Emballage de nos vélos à l'aéroport Khomeini de Téhéran

     Direction Tachkent, Ouzbékistan

17/07 - Tachkent 🇺🇿 - Après une nuit de veille dans l'aéroport et deux heures de vol pour rejoindre Tachkent, nous reprenons nos vélos et repartons à la conquête de ce nouveau pays, l’Ouzbékistan, qui nous intrigue tant. Coincé depuis des millénaires entre deux grands pôles, l'Occident et l'Orient, ce pays a de quoi surprendre tant par la diversité d'origines de ses habitants que par ses influences vestimentaires et culinaires. Comme si l'Europe s'était mariée à la Chine. L'accueil chez Sadriddin et Ibrokhimkhuja dans le sud-ouest de Tachkent après une visite express de la ville sera des plus chaleureux. 
 
     Tamerlan (Timur le Grand), père de la dynastie des Timourides, devant le Palais des Forums

     Soirée au calme avec  Ibrokhimkhuja et Sadriddin Ilkhomov

18/07 - Tachkent 🇺🇿 - Visite de la capitale, du quartier Amir Temur et de son marché, le Chorsu bazar. On y trouvera de tout : tofus à toutes les sauces, laghmans au boeuf, poissons, des pains, melons et pastèques par milliers, des noix, de la viande fraîche à la découpe, et mêmes du fromage... La ville est propre, les automobilistes sont très attentifs aux vélos et les parcs du centre, tels qu'Alisher Navoi National Park et Amir Temur Hiyoboni, ont quelque chose d'idyllique au vu du nombre de couples s'y promenant.

     Parc National d'Alisher Navoi sous un jour tristement maussade 

                         Régime ouïghour, au Chorsu bazar

19-20/07 - Minitrip (Samarqand - Boukhara) 🇺🇿 - Notre famille d'accueil, les Ilkhomov, nous propose une petite escapade vers les deux cités joyaux d'Ouzbékistan: Samarqand et Boukhara. Villes réputées très chaudes en ce mois de juillet, nous décidons de partir à l'aube à 4h du matin pour rejoindre trois heures plus tard la ville de Samarqand. Petit tour rapide du Registan, du mausolée d'Amir Temur et du musée d'Ulug Beg, à la fois roi et astronome de renom à l'époque. Nous poursuivrons dans l'après-midi vers Boukhara. Tout de suite, nous sentons que cette ville a quelque chose de magique. La forteresse Ark et surtout le centre historique sont parfaitement conservés, comme si le temps s'était arrêté à l'époque des émirs d'il y a 500 ans. Nuit haut standing à l'hôtel après avoir goûté à l'excellente restauration locale dans le centre historique. Se faire plaisir à très bon marché, que demander de plus ?! Nous y rencontrerons quelques touristes, principalement des jeunes Français par ailleurs, eux aussi complètement charmés par l'endroit.
    
     Devant le Poi Kalon de Boukhara


21/07 - Tachkent - Ortasaray 🇺🇿 - Dernière journée à Tachkent. C'est le moment de faire nos bagages et nos adieux à la famille Ilkhomov. Que de souvenirs et de bons moments passés grâce à leur hospitalité. Plantage de la tente en soirée à la sortie de la ville sur la route d'Angren.

     Dernier cliché avec les Ilkhomov, père et fils, de retour à Tachkent

22/07 - Ortasaray - Koksaroy 🇺🇿 - Départ vers la vallée de Fergana et ses champs de coton. Petite pause sur le temps de midi au marché d'Angren. De quoi refaire nos réserves en nourriture avant d'attaquer les sommets du Fergana Range. Nous serons invités à passer la soirée avec les gens de Koksaroy ainsi qu'avec la police locale bien décidée à nous aider dans nos difficultés d'enregistrement à l'OVIR, le bureau d'enregistrement avec lequel tout touriste étranger doit se mettre en ordre. Ce sera pourtant dans une petite cabane le long de la rivière que nous irons dormir.

     Travaux dans les champs de coton


23/07 - Koksaroy - Pop 🇺🇿 - Après un déjeuner bien copieux, une sorte de soupe au mouton, tomates, carottes bien épicée appelée shurpa, nous attaquons le dernier col qui nous sépare de la vallée de Fergana. Quatre contrôles de police et deux tunnels plus loin, nous voilà enfin arrivés dans les plaines de l'Est. La route est facile, droite, et les gens nous accueillent avec un tel entrain au pied de leurs montagnes de melons et pastèques. Ces Ouzbeks sont géniaux !

     La Chine se rapproche...
 
     Les pauses melon-pastèque quotidiennes, ultime rafraîchissement sous ce soleil de plomb

24/07 - Pop - Namangan 🇺🇿 - Quelques dizaines de kilomètres en matinée et voilà la journée bouclée. Nous resterons toute l'après-midi dans la ville de Namangan. Dégustation du plov pour Felix et de kotlet pour Jérôme, deux excellentes spécialités de la région. Rencontre d'Azim en soirée, qui nous aurait bien invités à passer la nuit chez lui. Malheureusement, nous devrons la passer à l’hôtel pour nous mettre définitivement en ordre dans nos enregistrements OVIR avant de quitter le pays. En effet, la réglementation pour les touristes en Ouzbékistan, l'OVIR, nous oblige à passer au moins une nuit sur trois à l'hôtel. Les reçus nous permettront de quitter le pays sans problème (amende jusque 1000 € d'après certains échos). Rendez-vous est tout de même pris chez Azim pour le déjeuner du lendemain.

     Excellent résumé de la cuisine Ouzbek : naan, le délicieux plov, le çaï (thé), la salade de concombre-tomate et mon assiette

25/07 - Namangan 🇺🇿 - Boston 🇰🇬 - Riche déjeuner dès 7h au matin avec la famille d'Azim et le traditionnel naan, pain plat rond tout frais de la boulangerie. Pastèques, abricots, pommes, raisins et noix du jardin ainsi que l'inévitable plov en accompagnement. Petit tour au marché de la Mulla Kyrgyz Madrasa au centre de Namangan avec notre cher guide, Azim, et visite des ateliers de couture de la ville. La frontière avec le Kirghizistan est déjà toute proche et Uckurgon, ville frontière, marque notre dernier arrêt pour échanger nos soms ouzbeks en soms kirghizs. Le passage frontière se fait sans encombre. Grand soulagement. À peine entrés au pays, le Kirghizistan nous accueillera à coup de vodka bien serré, entre quelques bouchées d'un excellent poisson, et à passer la nuit à la yourte. Sympathique introduction du pays à visiter ! 

Paradis du naan, boulangerie de Namangan
 
Table ouzbek avec mama Azim

Azim et les couturières de Mulla Kyrgyz Madrasa

Mulla Kyrgyz Madrasa, Namangan

En route vers le Kirghizistan  
 
     Première nuit en yourte kirghize

26/07 - Boston - Jerge Tal 🇰🇬 - La route vers Jalal Abad en matinée est assez facile, même si les voitures roulent très vite et n'ont pas peur de nous frôler. Rencontre d'un couple de Parisiens pédalant sur leur vélo extra-terrestre : le Pino. Ce tandem, pas comme les autres, associe position assise et couchée, un concept qui ne manque pas d'intérêt, mais qui reste relativement coûteux pour les amateurs : 5000 € la bête. Petit tour au marché de Kochkor Ata ensuite à la recherche d'un déjeuner. Ce sera finalement des samsas, sorte de beignet fourré au hachis et aux oignons. La route vers Jalal Abad est particulièrement chaude et humide ce qui nous poussera à passer l'après-midi tranquillement au restaurant en attendant la baisse des températures.

     Couple de Français et leur Pino

     Restauration à Jalal-Abad
 

27/07 - Jerge Tal - Kazarman 🇰🇬 - La route commence à se dégrader. L'asphalte semble avoir disparu des routes, remplacé par un chemin de pierres et de poussière. La journée sera rude, mais les paysages en vaudront la peine. Après avoir été pris en auto-stop par un pick-up, nous aurons droit à goûter le kymyz, cet excellent breuvage local fait de lait de jument fermenté. La boisson qui fait la fierté du pays selon nos sources. Felix vous contera avec plaisir cette nouvelle rencontre.

      Jeunes vendeurs d'herbes
          
     Pause kymyz, le lait de jument fermenté, avec des nomades


28/07 - Kazarman - Ak Tal 🇰🇬 - La ville de Kazarman n'est pas des plus accueillantes, malgré l'habitude qu'ont ses habitants à picoler à la vodka dès le matin. Rues sales, immeubles éventrés, nuages de moustiques, la ville aura vite fait de nous voir fuir dès l'aube. La route est toujours en aussi mauvais état. Un vieux camion soviet ayant pris pitié de nous, nous embarquera pour une vingtaine de kilomètres. Quelques arrêts remplissage des réservoirs et coup d'eau sur le radiateur du moteur seront indispensables dans ce paysage qui devient de plus en plus escarpé. Malgré cette avancée, la journée sera rude pour atteindre Ak Tal. Il fait extrêmement chaud, la route nous secoue assez violemment et nous demande beaucoup de concentration pour éviter les grosses rocailles. En fin de journée, l'orage commence à gronder et nous désespérons d'arriver à la prochaine ville. Nous échouerons à quelques dizaines de kilomètres de notre objectif, mais aurons la chance d'être hébergés en yourte pour passer la nuit dans une famille de nomades. 



       Refuge trouvé avant l'orage
Soupe à la bonne franquette  

29/07 - Ak Tal - Naryn 🇰🇬 - La route pour rejoindre Ak-Tal en matinée sera toujours très rocailleuse, mais passera définitivement au statut "asphalte" par la suite. Tellement bon de pouvoir pédaler à nouveau sur une route plate, sans devoir éviter chaque seconde un trou ou un roc. Journée passée à profiter du paysage dans le bassin de la Naryn, la rivière principale du Kirghizistan. Superbes paysages à la fois montagneux, désertiques et ripicoles.


       Mausolée et sépultures d'un cimetière kirghiz

30/07 - Naryn - Kara Unkur 🇰🇬 - La route bifurque vers le nord une fois passé Naryn, et nous emmène sur les hauteurs des massifs du Tian Shan, premiers contreforts de l'Ouest-Himalaya. Les mille mètres de dénivelé pour passer le col de Dolon (3080m) seront expédiés dans la matinée. Nous profiterons d'une bonne pause sur le temps de midi dans un baraquement du bord de route à partager un repas chaud avec des locaux. Nous aurons l'occasion de goûter leur kurut, boule de fromage salé, sec et dur comme pierre, ainsi qu'une sorte de beurre vieilli prenant une couleur beige. Après le passage du col de Dolon, la route ne fera que descendre avec léger vent de face. 

31/07 - Kara Unkur - Balykchy 🇰🇬 - Matinée passée à descendre en roue libre vers la ville de Kochkor. Nous y croiserons quelques touristes en partance vers le lac Song Kul, notre plus grand regret parmi les visites annulées dans ce pays. Un lac d'altitude, magique au réveil selon les dires, mais dont l'accès par la route le rendra d'une certaine manière inaccessible pour nous. Nous aurons néanmoins droit au lac Orto Tokoy, juste avant d'arriver sur les bords de l'immense lac d'Issyk Kul, et surprise du voyage...des CHAMEAUX en liberté !! Souper naan-kurut (soit pain fromage) en bord de route pas loin de Balykchy avec un énorme sac d'abricots offert par un marchand. Un camp de travailleurs de la route venus de Chine nous servira de refuge pour passer la nuit. 

     Troupeau de chameaux sur les bords de l'Orto Tokoy

01/08 - Balykchy - Ivanovka 🇰🇬 - Déjeuner typique chinois : soupe d'oeufs et pain cuit à la vapeur. On ressent comme un avant-goût de l'Empire du Milieu, qui n'est plus qu'à quelques centaines de kilomètres. Nous serons également étonnés d'apprendre que la route qu'on suit depuis Naryn est financée et réalisée gratuitement par la Chine. Une façon directe pour elle de dynamiser son voisin kirghiz un peu lent en développement. Bichkek n'est plus qu'à 140km. La route est excellente et ce paysage de montagnes reste toujours aussi fascinant. Camping en soirée dans un champ dans l'agglomération de Bichkek.

     Dernière ligne droite jusque Bichkek

02/08 - Ivanovka - Bichkek 🇰🇬 - Il ne reste plus grand-chose à pédaler pour relier la capitale. Nous arriverons à Lebedinovka (Bichkek-Est) vers midi où nous retrouverons notre hôte singapourien, Jahangir, le supercouchsurfer de Bichkek et vendeur de voitures japonaises à ses heures perdues. Visite de la ville en soirée dans le coin d'Ala-too square, après un excellent restaurant indien avec sa petite communauté de visiteurs.

03/08 – Lebedinovka (Bichkek) 🇰🇬 - Réveil dans le Yard comme Jahangir aime l’appeler, une espèce de garage-squat-dépôt de voitures. Comme Felix a décidé depuis quelques mois de faire l’impasse sur la partie Inde et Asie du Sud-Est, il préparera ses bagages pour être prêt à nous quitter dès le lendemain. En effet, il continuera son périple vers l'est avec Pékin en ligne de mire. Il aura néanmoins l’occasion de rencontrer Bakhet, un jeune Kirghiz que Jahangir a pu sortir de la rue en lui offrant un toît et un petit emploi : gardien de nuit au dépôt. Nous logerons donc avec lui dans un petit bureau amélioré. La pièce est plutôt rustique, mais l’activité qui y tourne la rend d’autant plus conviviale. Nous aurons l’occasion de rencontrer Matthew et Collie de Californie, faisant un trip de 5 mois de Shanghai jusque Istanbul, et qui passeront une nuit avec nous. Ce sera également en ce jour faste que nous rencontrerons John, un jeune Chinois de Harbin fort sympathique, prenant une année sabbatique post- études. Il me donne rendez-vous le lendemain pour un barbecue qu’il compte organiser avec Jahangir dans le Yard.

       Nos colloc' californiens Collie et Matthew en terrasse

       Notre douche de fortune derrière le Yard

04/08 - Lebedinovka (Bichkek) 🇰🇬 - Felix reprend donc la route en ce mardi 4, tôt en matinée pour éviter les embouteillages fréquents au passage frontière du Kazakhstan. De là, il tracera en marshrutka (minibus soviétique) vers Almaty où il trouvera une nouvelle liaison vers la frontière chinoise cette fois et la ville frontière d'Ili. De là, il retrouvera son père Jian et sa sœur Dafei venus le voir au Xinjiang. Bonne chance à lui. Quant à moi, je partirai en mission à l’ambassade d’Inde de Bichkek pour relancer ma procédure de visa. J’ai réimprimé tous les papiers nécessaires et devrais avoir des nouvelles la semaine suivante. De retour au Yard de Lebedinovka, je retrouve Bakhet, puis John qui a amené pas mal de monde au barbecue. Grillade de chachlyk au menu, des brochettes de mouton façon Asie Centrale, du pain et des salades d'oignons aux carottes et poivrons frits. 

05/08 - Lebedinovka (Bichkek) 🇰🇬 - Une nouvelle journée passée au Yard avec Bakhet. Je tenterai tant bien que mal de lui faire quelques cours d’anglais. Malheureusement, il n’a pas la chance d’avoir les bases élémentaires. J'essaierai également le russe, mais cette langue semble ne lui évoquer que de très vagues souvenirs. Peu importe, le langage gestuel sera suffisant pour nous entendre. John et Jahangir passeront leur après-midi avec nous, à discuter des particularités de la culture kirghize : le Kalim lorsque les jeunes filles sont enlevées par la famille du mari avant le mariage, l'Ak kalpak le chapeau traditionnel apparu on ne sait comment, leurs goûts musicaux, etc. 

Ak kalpak, le chapeau kirghiz à la forme improbable

Pour se mettre dans l'ambiance : hit de 2015 entendu à tous les coins de rue de Bichkek

La culture kirghize vue par les Occidentaux

06/08 - Lebedinovka - Bichkek 🇰🇬 - Ce sera mon dernier jour au Car Yard. Jahangir a accepté un couple germano-canadien et voudrait leur laisser un endroit avec plus d'intimité. Voilà donc que je prends du galon pour quitter la banlieue et m'installer dans l'appartement tout propre de Jahangir à Moskovskaya street dans le centre. J'en profiterai pour me faire de nouveaux amis : John déjà présenté, Vicky la Viêt de Saigon et Guliza, une jeune Kirghize de pure souche. Nous passerons la journée à flâner près d'Ala-too square et prendrons également un peu de temps dans le musée national. 

       Ala-too Square, le coeur vivant de Bichkek

       Intérieur d'une yourte présentée par Guliza au Musée National

07/08 - Bichkek 🇰🇬 - Avec John, Vicky, Guliza et moi-même, Jahangir décide de nous emmener au Drozdoï Bazaar pour préparer une petite excursion dans la région pittoresque de Chunkurchak. Jahangir me demandera conseil pour du matériel de campement qu'il aimerait acquérir pour ses futurs couchsurfeurs, mais tout ce qu'on y trouvera ne sera que du made in China de basse qualité. Toutes les tentes sont soit en synthétique simple épaisseur et facilement transperçable soit de type militaire bien trop épaisses et intransportables. Après plusieurs heures passées à errer dans ce gigantesque bazar, nous retournerons bredouilles quelque peu déçus. Pour consolation, je proposerai mes talents de cuisinier pour la soirée et leur concocterai quelque chose de bien belge : des carbonnades flamandes ! La bière sera remplacée par du kvas, l'équivalent local à base de pain et de très basse fermentation et le spéculoos par des biscuits aux amandes. La petite soirée belge aura son succès, et le public, aussi international soit-il, sera totalement conquis.

Déambulation dans les conteneurs du bazar de Drozdoï
      Des carbonnades flamandes au Kirghizstan 

  
       Souper frites-carbonnades avec Guliza, Vicki, John et Jahangir


08/08 - Bichkek - Chunkurchak 🇰🇬 - Nous décidons de partir visiter la famille de Guliza qui habite dans la campagne à une petite trentaine de kilomètres au sud de Bichkek. Jahangir nous emmène bien gentiment jusque-là, mais doit repartir pour ses affaires. Nous avons pris avec nous des chaussettes sur conseils de Guliza et quelques réserves de nourriture. L'invité par tradition apporte toujours quelque chose à l'hôte. La ferme où son oncle et sa tante habitent est magnifique, au milieu d'espaces sauvages et montagneux. L'appel de l'aventure ne se fait pas attendre et nous décidons de grimper la montagne qui surplombe la ferme en remontant la rivière toute proche. Après quelques heures de marche, quelques griffures aux mollets et une faim de loup démesurée, nous décidons de redescendre vers la ferme pour préparer le souper. Préparation du plov avec la tante, maîtresse des lieux. A nouveau, nous serons effarés de la quantité de graisse utilisée pour ce plat préparé dans une sorte de wok. Tout baigne : le riz, les carottes, les oignons et la viande de mouton ! Avec John et Vicky, nous déciderons de planter la tente un peu à l'écart de la ferme. C'est leur première expérience into the wild et ils sont tous les deux excités à l'idée de dormir en pleine nature. Nous passerons la soirée à trois à nous raconter toute sorte d'histoires effrayantes.

     Paysages de Chunkurchak 


09/08 - Chunkurchak - Bichkek 🇰🇬 - Nous n'aurons pas beaucoup fermé l’œil de la nuit, mais serons toutefois heureux de cette expédition. C'est au réveil que nous réaliserons que nous avons passé la nuit aux portes d'un cimetière. Après un déjeuner plutôt léger, Vicky, John et moi-même reprenons le chemin à pied, à la recherche d'un marshrutka qui ferait la navette jusque la capitale. Après quelques kilomètres de descente, nous tomberons sur un attroupement de 4-5 badauds attendant près d'un abribus. Pour seulement 90 soms (soit 1,2€) à nous trois, nous serons transportés dans ce van près de 40 minutes durant. En effet, pour pouvoir imaginer un taxi à ce prix-là, il faut savoir que le prix du diesel ici reste très bon marché : 0,45€/l. Merci Gazprom ! 
Nous serons déposés près d'Alamedin Bazari d'où nous pourrons attraper un dîner suffisamment roboratif. Retour en soirée chez Jahangir où nous attendent deux nouvelles invitées. Christiana d'abord, qui du haut de sa soixantaine, est venue de Trieste pour se perdre au Kirghizstan en auto-stop après avoir abandonné sa moto en Azerbaïdjan. Une intrépide Italienne qui depuis près de 17 ans ne s'est presque pas arrêtée de voyager. Satomi ensuite, voyageant depuis un an sur le continent eurasiatique, poste régulièrement des articles sur son blog de voyage. Deux femmes inspirantes !

      Camping près d'un cimetière musulman

10/08 - Bichkek 🇰🇬 - Cela fait déjà presque une semaine que je suis à Bichkek, et je ne suis toujours pas impatient de partir. Peut-être ai-je trouvé un havre de paix. Il est vrai qu'avec tous les profils qui passent par l'appartement de Jahangir, il est difficile de s'ennuyer. Et puis, passer du temps entre amis à discuter de nos différentes cultures, soit chinoise pour John, japonaise pour Satomi, vietnamienne pour Vicky, singapourienne pour Jahangir et européenne pour Christiana et moi, il y a de quoi donner de la perspective et de la largeur à nos conversations. Petit tour devant le palais du gouvernement où chaque soir a lieu le Bishkek Drift contest : des voitures tunées s'amusent à faire le plus de tête-à-queue possibles en alternant coup de frein à main, frein à pied sur la place Abdumomunov. 
   
     La nouvelle équipe de la Moskovakaya street à Bichkek    

11/08 - Bichkek 🇰🇬 - Journée passée de nouveau à flâner. Satomi prend un peu de temps pour remettre à jour son blog. J'en profiterai pour faire de même tandis que John et Jahangir vont faire un tour au Yard. Quant à Vicky, elle s'apprête à nous quitter ainsi que Christiana pour les rives de l'immense lac Issik Kul et la région de Karakol plus à l'est, aux paysages magnifiques selon ouï-dire. En soirée, nous déciderons avec John de célébrer le départ de Vicky en allant chercher quelques bières au magasin du quartier. Nous jouerons de malchance ce soir. En décidant de ne pas les consommer chez Jahangir qui est musulman, nous décidons d'aller nous asseoir un peu plus loin dans la rue. Deux jeunes policiers nous interpellent alors et nous attirent un peu plus loin à l'abri des regards. Ils me demandent de vider mes poches. Je leur montre tout, mais ils n'y trouvent rien d'intéressant. Nous sommes en infraction d'après eux et devons payer une amende. Enfin leur donner un bakchich. John ne perdant pas son sang-froid, il avait 300$ sur lui, fait mine d'appeler l'ambassade des Etats-Unis. Ça a marché, nos deux policiers se calment. Finalement, Jahangir est appelé, et connaissant un peu la police de Bichkek, réussi à diminuer notre amende à hauteur de deux cocas et d'un paquet de chips. Cependant, nous aurions été quelque peu déçus de ne pas avoir eu droit à cette expérience en quittant le Kirghizstan. Cela fait presque partie intégrante des curiosités locales. Le nombre d'étrangers arnaqué par la police officielle est assez invraisemblable et ces dérives sont désormais bien connues des routards de la région. 

12/08 - Bichkek 🇰🇬 - Visite de l'ambassade d'Inde en matinée. Malheureusement, le fait d'avoir fait une première demande à Téhéran ne semble pas arranger l'administration de Bichkek. Mon visa pour l'Inde est bien arrivé à Téhéran, mais il faut maintenant l'annuler pour qu'ils puissent m'en délivrer un à Bichkek. Il faudra donc prolonger encore d'une semaine l'attente. Je préviens donc Guillaume et Sylvie que j'aurais quelques jours de retard pour mon arrivée à Delhi. Jahangir m'emmènera ensuite avec John faire un tour des éleveurs de bétail de la région. Le bétail au Kirghizstan se résume principalement au mouton et à la chèvre pour la viande, au cheval manifestement comme moyen de transport et à la vache pour son lait. Nous ramènerons finalement une chèvre fraîchement étêtée par Jahangir, selon la tradition halal, pour la découper ensuite à l'appartement. Un appartement qui aurait pu passer pour une boucherie ce soir.

                       
     Découpe de la chèvre, filmée par Jahangir

       Notre curry de mouton au basmati

13/08 - Bichkek - Ala Archa National Park 🇰🇬 - Avec mes amis Satomi et John, nous décidons ce matin de partir à la conquête des montagnes bordant l'Ala Archa. Un véritable challenge pour mes deux compagnons, novices pour la marche en montagne, mais également pour moi qui n'ai jamais dépassé les 4000m d'altitude. Pour préparer ce trek de trois jours, nous passons d'abord faire quelques emplettes au Osh Bazar à l'est de la capitale. Satomi doit trouver des chaussures adéquates pour la marche, John un sac de couchage et nous devons également faire le plein de vivres. Ayant réussi à rassembler pains, biscuits, fruits et légumes en quantité honorable, nous décidons de prendre un marshrutka pour nous rapprocher du Parc National d'Ala Archa. Ala Archa étant le nom de la rivière qui descend de ces montagnes et baigne la vallée de Bichkek. Le marshrutka pourra nous avancer jusque Kashka Suu, le dernier village, et nous poursuivrons à pied avec tente, nourriture, matelas et sac de couchage sur le dos. Nous nous arrêterons dans un refuge en soirée qui nous offrira quelques mantis pour notre souper. Il s'agit d'une sorte de gros raviolis fourrés au hachis et aux oignons, semblables aux khinkali de Géorgie et très populaire en Asie Centrale. Nous y rencontrerons un jeune couple de Grenoblois, Chloé et Alexis, venus également faire un petit trek dans ce paradis sauvage. 

P.-S. : le récit de notre aventure dans le Ala Archa par Satomi en anglais est disponible ici

       Bazar de Osh sous la pluie, Bichkek


       En négociation sac de couchage pour le trek



       Ascension sur les bords de l'Ala Archa 

       Le réconfort après l'effort, manti et thé pour souper

14/08 - Ala Archa National Park 🇰🇬 - Nous partagerons notre petit déjeuner avec Chloé et Alexis qui ont planté leur tente juste à côté de la nôtre dans la forêt. S’étant bien informé, ils nous donneront quelques bons conseils panoramas pour la suite du trek. Puis, sur quelques airs de flûte, reprendront gaiement leur chemin vers une autre vallée. Nous ne traînerons donc pas à reprendre la route, car près de 2500m d'ascension nous attendent encore. Au cours de la montée, les sacs nous sembleront de plus en plus lourds, alors qu'ils étaient sensés s'alléger. Pour dîner, nous mangerons le peu de pain et de carottes qu'il nous reste. Nous étions déjà pratiquement à court de nourriture. Après des heures d'efforts dans ce paysage de vallées et montagnes, nous finirons par trouver un espace plus ou moins plat et abrité du vent. Nous décidons d'y monter le camp. Le coucher de soleil sera la cerise de la journée. Mais après avoir brusquement disparu derrière une montagne, nous eûmes l'impression que les températures pourraient descendre très vite. Et en effet, elles descendront vite. Le feu pour passer la soirée sera plus que nécessaire, et le glacier juste au-dessus de nos têtes peut en être témoin.

       Déjeuner avec Satomi, John, Chloé et Alexis, Ala Archa National Park




15/08 - Ala Archa National Park - Bichkek 🇰🇬 - N’ayant plus que du thé pour déjeuner et un peu de bois pour le chauffer, nous ne traînerons pas à lever le camp et à redescendre l’Ala Archa pour retrouver au plus vite la civilisation. Il est amusant qu’à ce moment-là, tous les trois ne parlions plus que de bonnes cuisines, des spécialités culinaires de nos contrées, salivant sur des plats que nous rêvions préparer alors que notre estomac était vide. Fort heureusement, la descente sera bien plus rapide que la montée, et après environs quatre heures, nous serons redescendus jusque l’entrée du parc. Encore quelques kilomètres pour rejoindre Kashka Suu, et de là, prendre un de ces marshrutka pour redescendre en ville. Nous ne nous souviendrons pas de tous les détails du retour, mais ô combien serons-nous heureux d'être venus à bout de cette expédition dantesque.

       Préparation du thé

       Camping dans les hauteurs d'Ala Archa


16-17-18/08 - Bichkek 🇰🇬 - Ça y est, le visa indien est arrivé, je réserve immédiatement mon vol Almaty-Delhi. Les derniers jours chez Jahangir seront utiles pour remettre mon vélo en état, et organiser mes prochaines visites sur le continent indien. Les deux semaines passées à Bichkek sont passées à une telle vitesse. J'y étais tellement bien que, même si la perspective de retrouver mes amis en Inde et voir de nouveaux horizons me réjouissait, je ne pourrais pas m'empêcher de repenser avec nostalgie à tous ces bons moments passés avec John, Satomi, Jahangir, Vicky et tous les couchsurfers qui ont logé dans cet appartement ou au Yard durant ces deux dernières semaines.

19/08 - Bichkek 🇰🇬 - Akterek 🇰🇿 - Départ tôt en matinée. C'est l'heure de dire au revoir à John, Satomi et le chouette appartement de Jahangir de la rue Moskovskaia. Le visa indien bien en poche, je peux prendre la route vers le Kazakhstan. Le passage frontière est facile, au point qu'à peine deux heures m'auront suffi depuis Bichkek pour fouler la terre du Kazakhstan géant. Et plus besoin de visa pour les Belges depuis le 15 juillet de cette année. Route linéaire sur une bonne centaine de kilomètres au cœur d'une steppe herbeuse, sèche et jaunie par l'ardeur du soleil. L'insolation passera à nouveau tout près. 

       Sur la route des steppes de Djamboul

20/08 - Akterek - Uzynagash 🇰🇿 - Réveil particulier ce matin, au son du hennissement d'une cinquantaine de chevaux. La horde et son meneur passeront juste à côté de la tente alors qu'il n'y a pas une maison à 10km à la ronde. Les Kazakhs semblent tout de suite plus curieux et familiers que leur voisin du sud. Par contre, leur langue reste très similaire avec celles des autres pays -stan croisés auparavant. 

       Le visiteur du matin


21/08 - Uzynagash - Almaty 🇰🇿 - Il ne reste plus qu'une vingtaine de kilomètres pour relier le coeur de la « Ville des pommes », Almaty. Retrouvailles quelque peu fortuites avec John et Jahangir au Méga Center d'Almaty et invitation chaleureuse à passer la nuit à l'hôtel.
       Décidément, on ne se quitte plus. Jahangir et John me tombent dessus sur la route d'Almaty


22-23/08 - Almaty 🇰🇿 - Visite de la ville, son Green market, le centre administratif avant d'aller se réfugier dans la cathédrale Zenkov sous une pluie battante. Ce sera l'occasion de découvrir le Musée des instruments de musique, une collection exceptionnelle qui vaut vraiment le détour : les instruments kazakhs tels que le zhelbuaz (cornemuse traditionnelle), le kobyz (vièle à crin de cheval), la dombra (luth populaire à manche long) mais également des instruments venus des quatre coins du monde. Malgré sa taille, la ville est reposante, certainement grâce à ses nombreux parcs et ses avenues verdoyantes. Nuit passée à l'aéroport avant d'aller faire un tour dans la campagne environnante le lendemain matin. L'avion pour Delhi n'est prévu que tard dans la soirée.
   
         
         Le zhelbuaz, la cornemuse des Kazakhs et le kobyz, une vièle à crin de cheval utilisée par les chamans

       Rue dans la partie moderne d'Almaty

       Petite maison kazakhe typique de la banlieue d'Almaty

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